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À Montréal et Laval, les commissions scolaires combattent la pénurie d’enseignants

Photo: Archives Métro

À l’aube de la rentrée, la situation de pénurie d’enseignants tarde à s’améliorer dans la région métropolitaine. La Commission scolaire de Montréal (CSDM) et la Commission scolaire de Laval (CSDL) s’affairent à élaborer des stratégies qui leur permettront d’au moins «sortir la tête de l’eau».

Le manque de professeurs se fait encore sentir cette année, selon la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon. «On est toujours en situation de pénurie d’enseignants, explique-t-elle. Un baccalauréat, c’est quatre ans, donc les gens qui sont entrés l’an passé en ont encore pour quelques années à se former. On s’attend à avoir ce problème encore pour un certain temps.»

Il y a deux ans, la CSDM avait été forcée de recruter 750 enseignants et suppléants pour pallier les nombreux départs à la retraite et congés de maladie, mais aussi pour faire face à la quantité grandissante d’élèves entre ses murs. L’an passé, le manque à gagner se chiffrait à 1342 personnes.

«Une augmentation très importante», admet la directrice, qui n’a pu fournir les statistiques pour 2018-2019. Celles-ci pourraient toutefois être amenées à gonfler encore.

D’ici cinq ans, la CSDM prévoit accueillir 7000 nouveaux élèves. Une augmentation de 8 à 9% par rapport à son effectif actuel de 76 000. «Ça prend nécessairement beaucoup plus d’enseignants, tous niveaux confondus», analyse Mme Harel Bourdon.

Constat similaire à Laval, avec quelques nuances toutefois. «Il n’y a pas énormément de personnel en ce moment, parce que les facultés ne fournissent pas suffisamment d’enseignants pour le nombre d’élèves qu’on a», reconnaît pour sa part la présidente de la CSDL, Louise Lortie, à Métro.

Sur une note plus optimiste, elle indique que la situation est moins catastrophique actuellement pour son organisation. «On se trouve dans une meilleure situation que l’an dernier, au niveau des comblements de poste notamment, ajoute-t-elle. On travaille fort pour remplir tous les trous, mais disons que ça va mieux, sans être complètement réglé.»

Des séances d’affectation doivent d’ailleurs avoir lieu lundi et mardi à la CSDL et au Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL), afin de tenter de recruter le personnel requis pour débuter l’année scolaire.

«Il y aura surement une pénurie, car on ne règle pas ces problèmes-là en deux ou trois mois, affirme de son côté le président du SERL, Guy Bellemare. J’aurai un portrait plus clair de la situation après que les postes auront tous été octroyés, mais je pense qu’on se dirige encore une fois vers ça.»

Des défis supplémentaires
Au-delà du manque de professeurs, d’autres problèmes empêchent les commissions scolaires de fonctionner à plein régime. La présidente de la CSDM estime que l’un des plus grands défis, actuellement, est celui de l’accueil des familles immigrantes.

«Il y a en moyenne 250 inscriptions par semaine d’enfants de familles immigrantes. Si on considère qu’une classe d’accueil en francisation a une capacité de 15 élèves, ça fait une quinzaine d’enseignants supplémentaires à embaucher chaque semaine.» -Catherine Harel Bourdon

Au moment d’écrire ces lignes, la commission montréalaise prévoyait d’ailleurs recruter 50 professeurs de plus pour répondre à ces besoins. «On va avoir des enseignants dans chaque classe lundi pour la rentrée, assure Mme Harel Bourdon. Mais ce sont des postes ouverts, donc il se peut que ce ne soit pas les mêmes profs toute l’année.»

La situation est «d’autant plus précaire» dans le cas des familles immigrantes, «puisque ça prend des formations très spécifiques et des compétences très précises, ajoute-t-elle. La réalité, c’est qu’on n’a pas assez de gens formés en ce moment pour le nombre de classes d’accueil à ouvrir.»

Aux dires de la présidente de la CSDL, Louise Lortie, le manque d’effectifs se fait sentir bien au-delà du groupe professoral même, et touche plusieurs autres corps de métier.

«On sent une pénurie de personnel dans tous les domaines en fait, lance-t-elle. Et on sait que ça va continuer. Le nombre de baby-boomers qui quittent le travail a sur nous des répercussions énormes.»

Des stratégies pour s’en sortir
Dans les deux commissions scolaires, des stratégies sont en place pour renverser la tendance d’ici les prochaines années.

La CSDM et la CSDL ont prévu plusieurs rencontres avec l’Université de Montréal (UdeM) ou l’Université du Québec à Montréal (UQAM) pour «évaluer les moyens à mettre en place et ainsi assurer un meilleur placement des futurs enseignants», avance Catherine Harel Bourdon.

De son côté, Louise Lortie vise surtout à revaloriser la profession et à «bien traiter son personnel» pour assurer une continuité dans sa commission scolaire.

«On a un département à la CSDL qui travaille chaque mois pour que l’insertion professionnelle de nos membres se déroule bien, exprime-t-elle. On est reconnus à ce niveau-là et ce n’est pas pour rien. On garde nos nouveaux enseignants, et on les accompagne autant que possible. C’est ça la clé.»

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