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Transparence: la STM emboîtera le pas à Toronto d’ici 2021

La station de métro Berri-UQAM est particulièrement congestionnée aux heures de pointe. Photo: Josie Desmarais | Métro

La Société de transport de Montréal (STM) entend emboîter le pas à son pendant torontois et diffuser sur une base régulière des données sur le rendement de ses services d’ici 2021.

La STM publie depuis l’an dernier un bilan mensuel du nombre de retards dans son réseau du métro avec les causes liées à ceux-ci, mais aucun portrait mensuel de la performance de son réseau d’autobus et de transport adapté n’est actuellement mis en ligne .

«La STM a récemment adopté une politique de données ouvertes. Dans cette optique, la totalité des indicateurs de la STM seront rendus accessibles au public de façon progressive d’ici 2021», a indiqué à Métro le conseiller aux affaires publiques de la STM, Philippe Déry.

«Ce n’est pas acceptable. La STM pourrait le faire dès demain», a réagi Marvin Rotrand, conseiller indépendant de Snowdon et ancien vice-président de la STM, qui a indiqué que la société de transport compile déjà les données réclamées dans sa motion afin de les présenter sur une base mensuelle aux membres de son conseil d’administration.

Mardi dernier, une motion de ce dernier a fait l’objet d’un vif débat en séance du conseil municipal avant que son vote ne soit reporté au mois suivant. Ce document demande qu’un bilan des principaux indicateurs stratégiques de la STM, notamment en ce qui a trait au taux de ponctualité des autobus, du métro et du transport adapté, de même que le nombre de plaintes déposées par les clients, soit distribué aux élus chaque mois, en plus d’être rendu accessible en ligne.

«Peut-être que [Marvin Rotrand] est un peu déçu de ne pas être encore au CA de la STM. Je comprends ça. C’est un grand privilège d’avoir accès à un grand nombre de données, parfois préliminaires, mais on ne peut pas nécessairement transformer cette salle de conseil en CA de la STM», a lancé mardi dernier en séance du conseil municipal l’élu de Projet Montréal et actuel vice-président de la société de transport, Craig Sauvé, qui s’est opposé à cette motion.

Relancée par Métro, la STM a justifié ce délai en indiquant que la mise en ligne de ces données «représente un volume très important d’informations», ce qui nécessite «un déploiement progressif» afin d’assurer «la fiabilité et la robustesse de l’écosystème de données» ainsi que «la sécurité informatique des écosystèmes d’où proviennent ces informations».

«C’est une bonne nouvelle. Je suppose que s’ils peuvent le faire plus tôt, ils vont le faire», a pour sa part réagi la professeure en études urbaines et touristiques à l’Université du Québec à Montréal et experte en transport, Florence Junca-Adenot.

L’exemple de Toronto
La Commission de transport de Toronto (CTT) met en ligne depuis plusieurs années déjà un rapport mensuel détaillant une vaste gamme d’indicateurs comprenant notamment le taux d’achalandage de l’ensemble de son réseau, la satisfaction de sa clientèle pour les différents modes de transport qu’elle offre ainsi que le nombre de retards qui affectent son réseau de métro, de tramways et d’autobus. La performance de ces différents modes de transport fait d’ailleurs l’objet d’un bilan quotidien sur son site web.

«Ceux qui paient la facture, c’est le public. [Ces informations] appartiennent au public. Ils ont le droit de savoir ce qui se passe dans leur réseau de transport en commun», a déclaré à Métro l’ancien conseiller municipal à Toronto Joe Mihevc, qui a été membre du conseil d’administration de la CTT pendant une vingtaine d’années.

Selon ce dernier, la STM aurait tout intérêt à faire preuve d’un plus grande transparence, car cela permettrait de «faciliter les décisions du conseil municipal» en matière de transport en commun en plus de contribuer à déboulonner certains mythes concernant la ponctualité du réseau de métro et de bus de la métropole.

«Les gens aiment bien se plaindre du service, mais au moins [à Toronto], on a des données ouvertes qui montrent que la ponctualité est bonne», a-t-il dit.

La STM transparente?
Pierre Barrieau, un chargé de cours qui enseigne l’urbanisme et la planification des transports dans plusieurs universités québécoises, déplore «une certaine approche d’opacité» à la STM, qui agit selon lui à «contre-courant» de nombreuses sociétés de transport à l’échelle internationale qui ont opté pour un libre accès à une panoplie de données les concernant.

«J’ai fait ma maîtrise sur le transport adapté [de la STM] et à l’époque, les données étaient très mauvaises. Et encore aujourd’hui, dès qu’il y a une tempête, c’est le bordel. À ce moment-là, il faut que les données soient publiées pour que ce soit plus transparent et que les citoyens soient ainsi mieux informés», a estimé M. Barrieau.

«J’avais des étudiants qui voulaient savoir combien de passagers entrent par station [de métro] et la STM leur avait répondu que ce n’était pas accessible à la population.» -Pierre Barrieau, chargé de cours en urbanisme et planification des transports.

 

 

 

 

 

 

 

 

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