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Immigration: le nouveau système de gestion des demandes est lancé

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, veut réformer la Loi 101.
Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette Photo: Josie Desmarais/Métro

Le ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Simon Jolin-Barrette, a lancé le nouveau système de sélection Arrima, démarrant ainsi incessamment le processus des premières invitations par l’entremise du système.

«Une grande réforme est en marche, a déclaré jeudi matin le ministre Jolin-Barrette. Ce nouveau système permet un meilleur arrimage entre les besoins des employeurs et les immigrants sélectionnés.»

Un travail a été fait en collaboration avec le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, afin d’identifier les besoins précis du marché du travail pour chaque région.

Pour les personnes intéressées, la première étape consistera à remplir, gratuitement, une déclaration d’intérêt sur la plateforme en ligne. Ensuite, le Québec sélectionnera les candidats qui seront «invités», selon les besoins ciblés.

«Plus on a de déclarations, plus on a la capacité d’inviter des gens capables de répondre rapidement aux besoins», a indiqué M. Jolin-Barrette.

Le système comportera aussi un portail à la disposition des employeurs, qui pourront avoir accès au profil des candidats et ensuite communiquer avec eux, pour voir s’il y a «match parfait».

Une des améliorations de ce nouveau système, a illustré le ministre, est le délai de traitement pour obtenir un Certificat de sélection du Québec (CSQ), passant de 36 à 6 mois.

Concernant les 3700 dossiers de personnes se trouvant en territoire québécois qui avaient formulé une demande pour obtenir un CSQ, ils seront traités en priorité.

Malgré cela, selon Hosung Kim, avocat à l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration, cette façon de procéder est «difficile à comprendre».

«Ces gens avaient déjà déposé leur dossier, maintenant on les force à utiliser Arrima, et ils devront recommencer à zéro et encore attendre une invitation», a-t-il déploré, donnant l’exemple de plusieurs de ses clients, qui devront refaire tout le processus.

«Est-ce que c’est vraiment bon pour ces gens-là? Pour les employeurs?», s’est-il questionné.

Besoins changeants
Chercheur associé à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), Rémy-Paulin Twahirwa, a soulevé qu’Arrima est un outil «pour répondre aux besoins des entreprises au Québec».

«On assiste de plus en plus à un effacement de l’État par rapport à la sélection. Elle se fera par les employeurs, qui iront chercher des gens qui correspondent aux critères qu’ils recherchent», a-t-il pointé.

M. Twahirwa a fait le parallèle avec l’Australie, où un système semblable a été mis en place «pour les mêmes raisons», soit améliorer la sélection et diminuer les délais de traitement des dossiers.

«On vise à répondre de façon rapide au détriment d’une planification à long terme. On peut se demander ce qui arrivera à ces gens dans 20 ans quand ils ne seront plus nécessaires pour différentes raisons, car les besoins du marché du travail changent», a-t-il expliqué.

La grille de sélection de l’ancien système favorisait les diplômés universitaires. Or, cela ne répondait pas toujours aux besoins du marché. C’est pourquoi celle-ci sera «revue à court terme», a dit le ministre durant la conférence.

M. Twahirwa s’inquiète tout de même que cette sélection puisse laisser place à de la discrimination, laissant les employeurs avoir «le gros bout du bâton».

«Le cas australien montre que pour deux personnes à compétences égales, certains sont acceptés et d’autres non. Des employeurs peuvent être biaisés sur certains facteurs, par exemple le racisme et le sexisme», a-t-il expliqué.

Un outil parmi les autres
Le président-directeur-général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, a estimé qu’Arrima est «certainement une amélioration».

«97% des entreprises québécoises sont des PME. Dans ce contexte, plusieurs n’ont pas les délais, l’expertise et les moyens de faire des démarches à l’étranger pour trouver des employés. C’est certainement un allègement», a-t-il laissé entendre.

Cependant, Arrima doit fonctionner avec les autres voies pour contrer la rareté de main-d’œuvre, comme l’éducation, l’intégration et l’inclusion, selon M. Dorval.

«C’est est un outil dans le coffre, mais avec un seul outil, on ne peut pas construire une maison», a-t-il illustré.

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