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Un toit pour les vétérans

Vétéran itinérant
Un itinérant à l’abri grâce au travail de la mission Old Brewery Photo: Christian Blais, Mission Old Brewery

Parmi les nombreux itinérants qui dorment dans les rues de Montréal se trouvent parfois des vétérans de l’armée canadienne.

La Mission Old Brewery a lancé en mai 2017 le programme Les Sentinelles de rue, dont l’objectif est de fournir un logement à ces vétérans.

Jacinthe Corbin en est la directrice de services de soutien en logement. « A l’époque, c’était le tout premier projet du Canada qui s’intéressait de façon pointue à l’itinérance des vétérans » précise-t-elle avec fierté.

L’origine du programme

A la création du programme, les membres du réseau effectuaient un véritable travail de rue, sur le terrain, pour partir à la rencontre de possibles vétérans itinérants.

« On recevait aussi des références, des informations d’organismes communautaires, du réseau interne d’aide aux vétérans. Certains sont aussi en refuge ».

Après la mise en contact avec un possible vétéran, la mission se doit de vérifier son parcours militaire pour valider son profil et vérifier s’il est en droit de bénéficier du programme.

« On vérifie ses références, son matricule, ses dates d’engagement. Pour certains, ces informations sont très floues, et ils n’ont plus de documents. Alors cela demande un vrai travail de recherches. Et quand le profil est confirmé, on entame la procédure de mise à l’abri ».

Le programme Les Sentinelles de Rue dispose de 34 logements pour héberger les vétérans sur Montréal.

L’organisme a fait ses preuves, et aujourd’hui c’est Anciens combattants Canada qui en finance la totalité.

« On prône la mixité sociale alors on essaye de trouver des logements avec Monsieur et Madame tout le monde, sur l’Île.
La subvention est offerte pour payer le loyer, de l’ameublement, et la 1re épicerie. On assure aussi le suivi psychosocial, l’accompagnement dans les démarches, et le référencement pour les besoins médicaux ».

Jacinthe Corbin précise aussi que le bail de l’appartement est à leur nom.
« Ce sont des locataires classiques pour aider à rendre l’autonomie de la personne et lui rendre sa fierté ».

Pour le bénéficiaire, il n’y a pas de date limite d’hébergement. Le programme est adapté en fonction des besoins de chaque personne, car chaque histoire est différente.

Georges Ohana et Jacinthe Corbin de la mission Les Sentinelles de Rue. Crédit : Christian Blais, Mission Old Brewery.

« Nous avons un vétéran qui a été déployé à Chypre, un autre en Afghanistan. Il y en a aussi un qui a vécu un traumatisme durant son camp d’entraînement auprès de ses collègues ».
Tous les bénéficiaires n’ont pas nécessairement été déployés sur de grosses guerres, mais tous sont des hommes, et l’âge moyen est de 54 ans.

De l’uniforme à la rue, une transition difficile

Selon la Fondation québécoise des vétérans, on dénombre environ 122 000 vétérans dans la province.

Environ 1500 sont libérés de leur service chaque année, et 25% d’entre eux éprouvent des difficultés dans leur transition à la vie civile.

« Les principales causes d’itinérance chez les vétérans sont l’alcoolisme, la toxicomanie, et la santé mentale » explique Jacinthe Corbin.


Cela fait suite à des blessures physiques qui entraînent des invalidités, des dépendances diverses, et des cas de PTSD (trouble de stress post-traumatique).
« Là où ça « clash », c’est au moment de la transition entre la vie militaire et la vie civile ».

Pour ces vétérans devenus instables, la descente aux enfers peut prendre des années. Les problématiques augmentent au fur et à mesure « jusqu’à la rupture avec la famille ou les amis, car l’entourage est épuisé, et c’est finalement la perte du lien social ».

« Il y en a d’ailleurs qui ne veulent rien savoir, ils refusent l’aide. Ils sont méfiants et ne veulent plus recevoir d’aide venant de l’armée, ils font un rejet ».

Mais le programme connaît surtout un succès grandissant.

Depuis 2017, 60 vétérans itinérants ont été rencontrés. 28 ont été logés, et 20 sont actuellement stabilisés voire en fin de suivi.

« Il y en a même un qui est aujourd’hui en couple, et on va chercher un logement qui correspond à leurs besoins » précise avec fierté la directrice.

Des réussites synonymes de victoires.

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