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Les chefs autochtones dénoncent un «dialogue de sourds» avec Legault

Le chef autochtone Ghislain Picard a exprimé sa déception face à François Legault. Photo: Marie-Christine Tremblay

Les chefs autochtones sont «unanimement déçus» du passage du premier ministre François Legault au Grand cercle économique des Peuples autochtones et du Québec. 

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, n’a pas mâché ses mots à l’égard de l’élu caquiste. Il va même jusqu’à dénoncer «un dialogue de sourds» qui perdure depuis toujours. 

Le Grand cercle économique des Peuples autochtones et du Québec, qui a lieu les 25 et 26 novembre, est le premier sommet sur l’économie des Premières Nations en 15 ans.

Si la journée d’hier était consacrée à la communauté d’affaires, c’est la politique qui est au cœur des échanges aujourd’hui. 

Une apparition pour «polir son image»

La présence de François Legault était vivement attendue par les différents chefs des communautés autochtones, mais la courte apparition du premier ministre n’a pas été à la hauteur de leurs attentes.

En effet, le chef Picard pense que M. Legault a voulu «polir son image» en annonçant un financement de 10 M$ sur cinq ans pour la nouvelle École des dirigeants des Premières Nations de HEC Montréal.

«C’est un scénario qu’on voit malheureusement trop souvent, c’est-à-dire un gouvernement qui apparaît publiquement et qui se pète les bretelles avec une annonce de quelques millions», a-t-il déploré, soulignant le «contexte électoral». 

C’est ironique que Francois Legault passe 20 à 30 minutes avec vous, les journalistes, mais moins de temps avec les chefs. Je trouve cela insultant et arrogant.

Le chef Ghislain Picard

«Attitude d’évitement systématique»

Le chef Ghislain Picard soutient avoir lui-même convaincu François Legault de répondre aux questions des chefs. 

«Est-ce que c’était décidé de faire son 15 minutes et de s’en aller comme s’il n’avait pas de respect pour [nous]? Les chefs se sont parlé et se sont dit: non, ça ne marche pas de même», a déclaré le chef de la communauté innue de Matimekush-Lac, Réal McKenzie, en mêlée de presse. 

À la demande du chef Picard, trois chefs autochtones ont finalement pu poser une question au premier ministre après son discours. Ceux-ci ont insisté sur leurs droits fondamentaux, comme le partage du territoire, des ressources, mais aussi des profits. 

Or, ils estiment que le premier ministre n’a pas du tout répondu à leurs questions. 

«C’est carrément une attitude d’évitement systématique par rapport aux questions fondamentales qui touchent le territoire, les ressources et le titre autochtone. C’est presque classique. Ce n’est pas la première fois qu’on le voit et c’est une discussion que le gouvernement du Québec cherche toujours à éviter», a affirmé le chef Ghislain Picard.

À ce sujet, François Legault dit privilégier la signature d’ententes «nation à nation», c’est-à-dire la négociation des ententes une à une, «chef par chef», «communauté par communauté».

Mais le chef Picard indique qu’il y a des principes qui font consensus pour l’ensemble des Premières Nations. «C’est que les communautés aient accès à pouvoir gérer des projets qui se passent sur leurs territoires traditionnels, la question de la consultation, la question du climat et de l’environnement et finalement le partage des revenus», a-t-il précisé. 

Malgré tout, les chefs assurent avoir la «nette détermination» de poursuivre leur travail. 

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