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Le système de retraite au Québec est inefficace, estime l’IRIS

Photo: iStock

Une personne sans épargne personnelle et sans régime d’employeur devrait travailler jusqu’à 70 ans avec un revenu annuel équivalant à 66 000$ pour bénéficier d’une retraite viable exempte de pauvreté. Ce portrait témoigne de l’inefficacité du système de retraite au Québec, selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), qui a publié une étude révélant que 53% des personnes seules âgées de 65 ans et plus ne bénéficient pas d’une retraite adéquate, alors que ce chiffre se situe à 18% pour les couples.

Une retraite plus difficile

La recherche permet de constater que le quart des salariés dans la province ont un régime de retraite de qualité et que moins de 25% des gens gagnant annuellement moins de 70 000$ ont pu contribuer à un REER en 2021. Cette incapacité à économiser, parallèlement au coût de la vie qui augmente, notamment en ce qui a trait aux loyers, fait en sorte que les gens travaillent plus longtemps pour pouvoir subvenir à leurs besoins.

«Si certains postes de dépenses diminuent à la sortie du marché du travail, il faut remarquer que le prix moyen pour se loger en résidence varie en moyenne entre 23 000$ et 40 000$ par année, ce qui dépasse largement le 10 000$ prévu pour le logement dans le revenu viable, précise la chercheuse pour l’IRIS et auteure de l’étude, Eve-Lyne Couturier. Qu’autant de personnes âgées se trouvent dans cette situation en dit long sur la qualité de notre système de retraite au Québec, où il est impossible de vivre hors de la pauvreté en disposant uniquement des programmes publics de base.»

La chercheuse souligne que le taux d’endettement des personnes âgées a également augmenté dans les dernières années, ce qui réduit de facto leur marge de manœuvre pour aider financièrement leurs familles une fois à la retraite en plus de les inciter à travailler plus longtemps pour éponger les dettes.

«On constate une augmentation des dettes immobilières et hypothécaires en plus d’une hausse du taux de faillite. Cette tendance fait en sorte que les personnes âgées ont moins de capacités financières excédentaires pour aider leurs enfants ou leur famille, en plus d’avoir moins de temps à donner à la communauté parce qu’ils doivent travailler. Il faut rappeler que cette tranche d’âge de la société est celle qui met le plus d’heures en bénévolat, donc il faut se se questionner sur la viabilité d’un système où les gens doivent travailler après le travail et si on leur en demande trop.»

De meilleurs régimes de retraite

Selon Eve-Lyne Couturier, des solutions existent pour améliorer le système de retraite au Québec, notamment si l’on se fie à ce qui se fait ailleurs. Le Danemark, pays avec des régimes de retraite d’employeurs presque entièrement imposés par l’État, devrait par exemple servir de modèle pour la province.

Au Danemark, un employé qui change de fonction ou d’emploi au sein d’une même industrie conserve son régime de retraite. Plus généralement, la cotisation des employeurs danois est obligatoire, ce qui en retour bonifie le taux de remplacement du revenu. Tout le monde bénéficie de cette obligation, surtout les personnes à faible revenu où ce taux peut grimper jusqu’à 125%. Au Québec, la cotisation des employeurs n’est pas imposée et ce taux se situe à 53%, ce qui explique en partie pourquoi 20% des gens ayant entre 65 et 69 ans travaillaient toujours l’an dernier.

Eve-Lyne Couturier, chercheuse pour l’IRIS et auteure de l’étude

En plus de rendre obligatoire la cotisation des employeurs québécois, l’étude suggère de changer les types de régimes de retraite et de revoir les prestations auxquelles une personne retraitée a droit pour qu’elles soient plus adaptées à la croissance du coût de la vie.

«Il faut revoir les régimes inefficaces proposés par les employeurs, comme le Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER). En obligeant la cotisation des employeurs, on pourrait aussi changer les types de régimes et améliorer les prestations déterminées à la retraite pour qu’elles soient indexées à l’inflation. Par exemple, pour chaque 100$ cotisé, une personne recevrait 10$ une fois à la retraite, en plus de l’indexation avec l’inflation», explique la chercheuse.

D’autres solutions sont proposées, notamment garantir un revenu pour les personnes à faible revenu plus adéquat ou encore, plus globalement, rendre le marché du travail plus intéressant sur le plan salarial.

«Ce n’est pas parce que nous sommes à la retraite qu’on ne fait pas bénéficier la société. Nous travaillons toute notre vie pour atteindre cette étape et il faut que les régimes de retraite soient en mesure de garantir une vie décente aux gens lorsqu’ils ne sont plus en mesure de travailler», conclut-elle.

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