Gaz de schiste en Norvège
La Norvège compte 5 millions d’habitants contre 8 au Québec, est syndiquée à 92 % contre 40 % chez nous, et ses ressources naturelles sont de propriété collective alors qu’ici elles sont détenues par des étrangers. La Norvège est parmi les pays les plus compétitifs selon le World Economic Forum.
Dans un article du Devoir du 27 mars dernier intitulé «Gaz de schistes : le norvégien Statoil s’ancre aux États-Unis», on apprend que Statoil a de gros intérêts dans le gaz aux States, où elle a fait 4 G$ d’acquisitions récemment. Statoil a l’expertise dans le gaz de schiste et est le principal producteur offshore de pétrole au monde. Qui est Statoil? Dans La Presse du 19 décembre 2006, nous apprenions que les norvégiennes Statoil et Norks Hydro avaient fusionné et que l’État avait alors accru sa participation à 67 % dans le conglomérat. Le Journal de Montréal nous informait aussi que Statoil et le géant russe Gazprom avaient conclu une entente milliardaire pour l’exploration d’hydrocarbures en Russie. Pas mal pour une société d’État!
Ainsi, les immenses profits de Statoil, et non les ridicules redevances, sont déposés dans un fonds souverain pour les générations futures afin de les dédommager de l’appropriation de leurs ressources naturelles épuisables et pour financer les services publics futurs. Dans un article du Devoir du 6 juin 2010, on apprenait que l’avoir net de ce fonds était de 400 G$, et dans un article du New York Times intitulé : «Norway Keeps Nest Egg from U.S. Companies», on prévoyait que ce fonds collectif atteindrait 900 G$ en 2016. Vraie souveraineté économique, et bien commun en Norvège, pays qui est à des années-lumière des conceptions tordues de tous nos partis politiques de l’État minimal.
Ici, à l’encontre de la majorité des pays producteurs, nos porte-queue ont privatisé pour des étrangers toutes nos ressources naturelles, incluant les mines et la forêt. Ils nous claironnent qu’ils créent de la richesse, mais pour qui? Faut être colonisé à l’os pour brader nos ressources naturelles et nos services publics pour une poignée de dollars et s’en vanter.
Quoi d’autre? Dans un texte de La Presse du 4 septembre 2010 titré «Petrobras lève 64 G$ pour faire du Brésil un géant pétrolier», il est mentionné que l’État brésilien augmentera sa participation dans Petrobras à plus de 40 %. Ici, Québec a vendu l’aurifère Cambior à des étrangers, et Ottawa a privatisé Petro-Canada. Puis, Le Devoir du 11 août dernier nous informait que Gaz de France-Suez venait d’acquérir International Power pour 2,3 G$, qui en fera le no 2 mondial de l’électricité, contrôlée à 35 % par l’État français, derrière le leader EDF, contrôlé à 84,5 % par le gouvernement français. EDF opère aussi dans l’éolien et a obtenu en 2008 la moitié des 2 000 MW offerts par les libéraux en énergie éolienne au Québec. Pour satisfaire des intérêts particuliers, Charest a interdit à Hydro-Québec d’investir dans notre propre éolien et l’a cédé majoritairement à la société d’État française EDF. Faut m’expliquer! En plus, les libéraux l’ont obligé, en catimini, à liquider sa filiale Hydro-Québec pétrole et gaz et Soquip, et l’ont contraint à céder leurs importants actifs à des néophytes (Junex, Gastem et Petrolia) pour pratiquement rien afin qu’ils s’approprient rapidement notre gaz de schiste et notre pétrole après nos mines, nos petits barrages et notre forêt! La Colombie-Britannique a encaissé 3,6 G$, et le Québec, 3,5 M$ pour la vente des droits d’exploration, tel que rapporté dans La Presse du 4 septembre 2010. Charest préfère plutôt taxer la population «courageusement». Ça fait partie de son modèle québécois «modernisé». Signalons enfin que la société d’État Petrochina est maintenant la première compagnie du monde à valoir 1 000 G$, soit plus que Exxon Mobil et General Electric. Au Québec, on préfère tout donner au privé et nous, on laisse faire. On a ce qu’on mérite.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.