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Une étude analyse les boîtes à lunch des enfants

Croissants, yogourts et fruits sont notamment offerts aux enfants. Photo: Isabelle Bergeron photographe

MONTRÉAL — Que contiennent les boîtes à lunch des enfants québécois? Pas assez de produits laitiers, selon une récente étude qui démontre que seulement le quart des petites boîtes-repas comprenait les quatre groupes alimentaires.

Il s’agirait d’une première analyse de ce genre au Québec selon la chercheure qui l’a réalisée, Julie Auclair. Habituellement, les études s’appuient sur des sondages de perception de consommation d’aliments. Mais ici, les données se basent sur des faits: les boîtes à lunch ont été ouvertes, et leur contenu recensé par leurs petits propriétaires, a-t-elle expliqué.

L’étude a été menée par l’enseignante-chercheure Julie Auclair du Centre d’étude des conditions de vie et des besoins de la population (ÉCOBES) rattaché au Cégep de Jonquière, et les résultats seront présentés à l’occasion du grand colloque annuel de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS). Le colloque commence lundi et se poursuit toute la semaine à Montréal.

Mme Auclair a décortiqué le contenu des boîtes à lunch des enfants de quatre camps de jour à l’été 2016. Les 435 jeunes de 7 à 13 ans fréquentaient deux camps au Saguenay Lac-St-Jean et deux dans la région de Québec. Ces données ne sont donc pas représentatives à l’échelle du Québec, prévient la chercheure, mais donnent une bonne indication.

Selon les données compilées, seulement 25% des lunchs étaient équilibrés, c’est-à-dire qu’ils comprenaient au moins un aliment de chaque groupe: fruits et légumes, produits céréaliers, lait et substituts, et viande et substituts.

Trois groupes alimentaires sur quatre étaient toutefois présents dans la majorité des cas, soit dans près de 63% des boîtes.

La plus grosse lacune observée? Le manque de produits laitiers, rapporte Mme Auclair. Une donnée qui a même surpris la chercheure: seulement une boîte à lunch sur deux contenait des produits laitiers. Et pourtant, à cet âge, c’est très important pour les enfants d’en consommer, souligne-t-elle. Elle se questionne à savoir si les parents étaient hésitants à mettre ces produits dans une boîte à lunch parce que c’était l’été.

Quant au grand nombre d’aliments sucrés qui se faufilent dans les repas, ils sont en surreprésentation, dit-elle, «mais on s’y attendait».

Les jeunes se font donner le plus souvent des petites boîtes de jus, qui contiennent beaucoup de sucre, même celles composées de vrai jus. Pire: 30% des boîtes à lunch étaient accompagnées de «boissons aux fruits», additionnées de sucre. Les jus de légumes étaient rarement au rendez-vous.

Heureusement, il n’y avait pas beaucoup de boissons gazeuses (seulement 1,2%) ni de boissons énergisantes (3%), ajoute-t-elle.

Les repas qu’apportaient les enfants avaient souvent de l’eau, tout comme des fruits et légumes.

Mais elle souligne tout de même que 67% des boîtes comportaient un aliment sucré et 64% un fruit ou un légume. «C’est le même ratio! s’est exclamée la chercheure. Il y a autant d’aliments sucrés que de fruits et légumes».

Les aliments sucrés sont ceux qui contiennent plus de 10 à 15% de sucres additionnés, comme les bonbons et le chocolat, les muffins du commerce et — surprise — les barres tendres, qui ont une haute teneur en sucre, a-t-elle expliqué, malgré une perception qu’il s’agit d’un aliment «santé».

Il est à noter que l’étude s’est penchée sur la présence des groupes alimentaires, les fruits et légumes, par exemple, mais pas sur le nombre de portions: les enfants devaient utiliser une grille pour compiler le contenu des boîtes et leur demander de calculer le nombre de portions aurait été trop complexe.

L’étude a été assez délicate à réaliser, a expliqué Mme Auclair. «Ça peut porter certains jeunes à se sentir mal à l’aise par rapport au contenu de leurs boîtes à lunch. Il ne fallait pas qu’ils se sentent jugés», surtout que ce ne sont pas eux, mais souvent leurs parents qui les ont préparées, dit la chercheure. Elle dit avoir adopté une approche ludique, axée sur la sensibilisation.

La recherche a été entreprise à la demande de Tremplin Santé, un organisme sans but lucratif favorisant les saines habitudes de vie dont la bonne alimentation et l’activité physique, notamment dans les camps de jour. Le programme voulait que son efficacité soit évaluée.

Les données recueillies sont particulièrement intéressantes, car elles proviennent d’une mesure objective, juge Mme Auclair. Et le projet de recherche a permis de développer une trousse d’analyse qui pourrait être utilisée plus largement, notamment pour évaluer la qualité des repas des élèves dans les écoles.

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