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La «Véloconomie» pour augmenter les bénéfices commerciaux

Photo: Josie Desmarais/Métro

Les autorités municipales montréalaises auraient avantage à bien comprendre les bénéfices économiques qu’elles pourraient réaliser en favorisant l’émergence d’infrastructures cyclistes dans les rues commerçantes, croit le conseiller municipal Guillaume Lavoie. Avec son projet de «Véloconomie», ce dernier, qui a décidé de quitter la politique municipale active dans les prochains mois, est confiant en sa réussite.

Inspiration nordique
Conseiller municipal sortant dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, Guillaume Lavoie est revenu convaincu d’une formation suivie à Copenhague, au Danemark, en 2015. «C’était le déclic», assure l’élu de Projet Montréal. Dans cette ville, le partage des rues a été redessiné et le vélo y occupe une place majeure, notamment pour des raisons économiques. «On dit toujours que le vélo est bon pour la santé et l’environnement, mais il comporte aussi un bénéfice commercial. Économiquement, le vélo est plus efficace, moins cher et plus rapide», soutient-il, avant d’affirmer, en s’appuyant sur plusieurs études réalisées en Europe et aux États-Unis, que «la congestion est un frein au développement économique d’une ville». Guillaume Lavoie met en avant la mobilité comme atout principal. «Le vélo permet de se déplacer rapidement, à moindre coût». Un moyen plus efficace, assure-t-il, pour réaliser des achats dans les commerces de proximité.

Achalandage
Selon l’élu, qui distille ses arguments tous les lundis sur les réseaux sociaux sous l’intitulé #véloconomie, une place de stationnement automobile pourrait être remplacée par le stationnement de 15 vélos. Et par autant de clients prêts à magasiner. «Le but, ce n’est pas d’avoir plus de vélos, mais que les commerçants fassent de meilleurs affaires, assure Guillaume Lavoie, qui cite les «investissements majeurs» faits par les villes de Paris et de Londres ces dernières années, mais aussi à New York. Dans cette mégalopole, le taux de vacances des boutiques commerçantes aurait chuté de moitié dans certaines quartiers où des investissements pour les cyclistes ont été réalisés, avance-il. «Je suis convaincu que l’apport de nouvelles infrastructures contribueront aussi à Montréal, de manière directe, à l’augmentation des dépenses dans les petits commerces, dit-il. La mobilité, c’est économiquement intéressant.»

Portefeuille plus rempli
L’un des principaux atouts des cyclistes serait les économies qu’ils réalisent et, par conséquence, leur portefeuille plus rempli. «Il y a un préjugé qui perdure, selon lequel les cyclistes sont des gens qui n’ont pas d’argent. Mais c’est faux, soutient celui qui a décidé de quitter la politique municipale en novembre prochain. En comptant l’achat d’une voiture, l’entretien, l’achat des pneus et les assurances, les cyclistes peuvent économiser entre 7000 et 9000$ par an en privilégiant le vélo.» Et l’argument selon lequel les cyclistes ont une faible capacité de transport ne tient pas, reprend l’élu. «Oui, les cyclistes achètent moins car ils ont moins de place pour leurs achats, mais ils peuvent visiter plus souvent les commerces et y revenir plus rapidement et plus régulièrement que les automobilistes.»

Projet pilote souhaité
Cycliste lui-aussi, Guillaume Lavoie évoque l’exemple du boulevard Saint-Laurent. A sens unique, cette voie ne peut être empruntée par les cyclistes qui veulent se rendre vers le sud de la ville. Un potentiel inexploité, selon lui. «Un automobiliste ne voit pas les vitrines des commerçants et la dynamique de l’achat spontané existe peu chez lui. C’est un phénomène en revanche très fort chez les piétons et les cyclistes», lance-t-il, avant d’évoquer l’idée d’un projet pilote sur cette artère. «Plus on va augmenter le trafic des acheteurs potentiels, plus les revenus des commerçants augmenteront», croit le conseiller de Rosemont–La Petit-Patrie, qui ne voit pas l’hiver québécois comme un frein. «C’est vrai, l’achalandage ne serait pas le même, mais on pourrait déjà tester une voie cycliste durant l’été», avance-t-il.

Concertation souhaitée
Guillaume Lavoie l’assure, il ne veut pas «d’une guerre entre les vélos, les autos et le stationnement». Avant de lancer un tel projet, il souhaite une prise de conscience des commerçants. «Beaucoup pensent que les places de stationnement sont synonymes de revenus; je les comprends, surtout s’ils imaginent que deux tiers de leurs clients viennent en voiture, assure-t-il. Mais on surestime, je pense, la part des clients en voiture. Il faudrait investir préalablement dans des sondages afin de connaître le moyen de transport des clients. Mais tout doit se faire en accord avec les commerçants, afin de dissiper leurs inquiétudes.»

Quen pensent-ils ?
La Société de développement du boulevard Saint-Laurent (SDBSL) se montre «ouverte» à une discussion, tout en réclamant au préalable «une vision globale» et la présentation d’études. «On ne peut pas juste créer une piste cyclable, il faudrait également des stationnements étagés pour les véhicules, comme dans d’autres grandes villes en Europe», assure Tasha Morisio, directrice de la SDBSL. Cette proposition enchante en revanche Vélo Québec. «Les commerçants, qui parfois viennent de l’extérieur de Montréal, ont souvent l’image, erronée, que les clients, dans ces rues commerciales, arrivent comme eux en voiture, alors que le gros de l’achalandage est formé par les piétons et les cyclistes», analyse Jean-François Pronovost, vice-président de l’organisme, qui dit rêver d’une avenue Mont-Royal où l’ensemble des stationnements serait supprimé sur l’un des deux côtés de l’artère.

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