Cols bleus : un nouveau syndicat réclame une rencontre avec Plante
L’Union syndicale des cols bleus de Montréal (USCBM), un groupe non-accrédité concurrent au Syndicat regroupé des cols bleus de Montréal, dénonce le fait que l’administration Plante-Dorais refuse de rencontrer ses membres.
«Dans les courriels, on nous a mentionné que la mairesse ne pouvait plus nous rencontrer parce que c’était une question de respecter les lois du travail. C’est faux, a affirmé le porte-parole de l’USCBM, Patrick Roy. Pour négocier une convention collective, ça doit être le syndicat accrédité, mais pour discuter seulement, ce n’est pas nécessaire.»
Ce regroupement a été formé au printemps, dans la foulée de la mise sous tutelle du Syndicat regroupé des cols bleus de Montréal. Pour l’instant, l’UCSBM a recruté la majorité des cols bleus de Montréal-Nord et fait du maraudage pour obtenir l’appui de 50% de quelque 7000 cols bleus de la Ville et ainsi devenir le syndicat officiel. «On a quelques centaines de membres éparpillés dans les 19 arrondissements», a indiqué M. Roy. On est aussi l’opposition syndicale, donc si on parvient à se faire élire à la présidence, on peut changer les pratiques à l’interne.»
Puisque le nouveau syndicat n’est pas accrédité, l’administration n’est pas tenue de rencontrer ses membres. «C’est juste une question de bonne foi, a déclaré le porte-parole. Ce que je trouve regrettable est qu’on souhaitait nous rencontrer et que maintenant, on a changé d’avis.» Dans une correspondance avec M. Roy, le président du comité exécutif, Benoît Dorais, demande qu’un représentant du Syndicat regroupé des cols bleus de Montréal soit présent à l’entretien.
L’UCSBM juge que le syndicat actuel n’a pas la crédibilité pour négocier avec l’administration municipale. «On n’a pas à être chapeauté par un syndicat sous tutelle», a soutenu Patrick Roy, qui craint que le tuteur ne négocie une convention collective de manière non-démocratique.
Il souhaite rencontrer l’administration municipale pour proposer des solutions «aux coûts exorbitants» des travaux à la Ville. «On souhaite que les cols bleus soumissionnent automatiquement sur les appels d‘offres pour voir si les travaux peuvent se faire à l’interne. Plusieurs contrats sont donnés sans même étudier le fait que les cols bleus pourraient le faire à moindre coût», a-t-il souligné.
Il calcule que dans plusieurs cas, les citoyens paient jusqu’à trois fois plus pour des travaux qui auraient pu être exécutés par des cols bleus. «Des fois, il y a des griefs [envers les entreprises] parce que c’est dans la juridiction des cols bleus. Le citoyen paie pour le col bleu qui aurait dû faire le travail à son temps régulier et ne le fait pas. [Il] paie pour le privé qui fait les travaux. Et quand le grief est gagné, on paie une autre fois le col bleu qui aurait dû faire le travail», a expliqué M. Roy.
Interrogé par M. Roy au cours de la séance mensuelle du conseil municipal lundi soir, Benoit Dorais a réitéré les mêmes explications. «J’aimerais bien vous rencontrer mais ce ne sera pas possible», a-t-il répondu, en précisant avoir «vérifié deux fois plutôt qu’une» en consultant les avocats de la Ville et la direction des ressources humaines.
Le président du comité exécutif a néanmoins confirmé qu’il acceptera une telle rencontre si un membre du Syndicat regroupé des cols bleus de Montréal est présent «comme observateur» ou en cas «d’autorisation écrite» de l’organisation.
Il a également invité M. Roy à communiquer avec le bureau de l’inspecteur général de la Ville «pour toute question de corruption et de collusion».