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Nouvelle approche pour le dénombrement de l’itinérance

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Photo: Yves Provencher/Métro

Le premier dénombrement de l’itinérance, fait en 2015 à Montréal, a été critiqué par plusieurs organismes communautaires. Alors qu’un second exercice du genre sera réalisé le 24 avril, le chercheur qui le mène assure avoir apporté des ajustements pour obtenir un portrait plus précis de l’itinérance dans la métropole.

«On veut avoir 1200 bénévoles, alors qu’on en avait 700 en 2015. Ça va nous permettre de couvrir plus d’endroits et d’avoir un estimé plus précis», explique à Métro Eric Latimer, chercheur à l’Institut Douglas et directeur du dénombrement. Cette année, tous les arrondissements de la ville sont visés.

Couvrir plus large ne signifie pas nécessairement qu’on comptera plus d’itinérants, souligne le chercheur. «En 2015, il y avait des secteurs qu’on n’a pas pu couvrir, relate M. Latimer. On n’a pas juste supposé qu’il n’y avait personne. On a calculé par arrondissement la moyenne des autres secteurs et on l’a appliqué.»

En 2015, l’exercice avait été fait en mars. Cette fois-ci, ce sera en avril, un point positif, croit Janik Fortin, qui a été bénévole il y a trois et le sera aussi cette année dans Ville-Marie. «C’est moins évident d’entrer en contact par temps de grand froid et de trouver [les personnes en situation d’itinérance] sur le terrain. Des fois, elles louent des chambres d’hôtel à quatre ou cinq», rapporte-t-elle.

M. Latimer croit que s’il fait très beau, ce sera «difficile pour les bénévoles de rejoindre tout le monde». Le dénombrement ne se limite toutefois pas à la rue, mais aussi aux refuges et aux ressources de jour qui seront visitées les 25 et 26 avril. «En 2015, on en avait compté 429 pour les lieux extérieurs, sur plus de 3000», a-t-il illustré.

«Ça, c’est l’itinérance visible, résume M. Latimer. Il y a aussi l’itinérance cachée. Ce sont des gens qui sont hébergés chez d’autres personnes ou qui résident dans des maisons de chambres, mais pas de façon vraiment stable. Ces deux groupes sont très difficiles à compter.»

Les femmes et les jeunes sont plus souvent dans cette situation, et c’est pourquoi ce sont deux populations sur lesquelles le nouveau dénombrement compte se concentrer, tout comme les Autochtones. «Ce qu’on veut faire, c’est mieux documenter la réalité de ces groupes spécifiques, indique la responsable de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Rosannie Filato. On veut obtenir plus de questionnaires de leur part.»

Janik Fortin, qui œuvre dans ce milieu depuis sept ans, relate que ces groupes ont des réalités bien différentes. «Les femmes, on les voit moins sur la rue, mais ce sont elles qui souffrent le plus de violence. Elles sont plus souvent attaquées, explique-t-elle. Les Autochtones, ils se tiennent en communauté et s’entraident beaucoup. Ce qu’on voit moins chez les non Autochtones.»

«C’est sûr que ce n’est pas toujours évident d’approcher les gens parce que des fois, ils ne veulent juste pas exister. Mais c’est important d’aller écouter leurs histoires, parce que ça leur fait du bien et ça peut changer nos perceptions.» – Janik Fortin, bénévole, qui invite les gens à s’inscrire comme bénévole, que ce soit seul ou en groupe

En visitant les banques alimentaires dans les jours suivant la soirée de décompte, ce qui n’avait pas été fait il y a trois ans, Eric Latimer espère rejoindre de nouvelles personnes. «C’est possible qu’on trouve des gens qu’on avait pas trouvés avant, qui étaient cachés dans la rue ou dans des squats», dit-il.

Si le chercheur reconnaît qu’il y aura toujours un «côté approximatif à l’exercice», M. Latimer est convaincu de sa pertinence. «Le dénombrement et l’enquête complémentaire ont été utilisés par la Ville de Montréal. Ç’a indiqué qu’il y avait pas mal de gens qui n’allaient pas dans des refuges, mais allaient dans des ressources de jour. La Ville a presque doublé son financement des centres de jour», donne-t-il en exemple.

Selon lui, si on veut mettre en place des «mesures pour réduire le nombre de personnes en situation d’itinérance», qui a tendance à augmenter avec les inégalités sociales, «il faut avoir des données quantitatives pour suivre les effets de ces mesures».

Ce dénombrement est le second à Montréal, mais il est réalisé dans la même période que le premier décompte fait dans l’ensemble du Québec. Celui-ci sera fait dans 11 municipalités.

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