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Luck Mervil purgera sa peine de six mois dans la communauté

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson / La Presse Canadienne
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le chanteur et animateur Luck Mervil n’ira pas en prison pour l’exploitation sexuelle d’une adolescente de 17 ans dans les années 1990: une juge a accepté la recommandation commune faite par la Couronne et la défense et lui a imposé une peine d’emprisonnement de six mois à purger dans la collectivité, c’est-à-dire chez lui.

Il s’agit d’une «mesure punitive, qui restreint la liberté du délinquant», a précisé mercredi la juge Mélanie Hébert, de la Cour du Québec.

Voilà à quoi sa vie ressemblera: pour les trois premiers mois de sa peine, Luck Mervil devra rester à la maison, sauf pour son travail, pour aller reconduire son fils mineur chez sa mère et pour des rendez-vous médicaux. Il pourra aussi faire son épicerie et d’autres courses une fois par semaine, pendant trois heures. Pour les trois autres mois, il devra observer un couvre-feu de 23 h à 6 h. Après cette période, il sera soumis à une probation d’un an.

Luck Mervil sera aussi inscrit au registre des délinquants sexuels pour 20 ans et doit fournir un échantillon d’ADN.

L’artiste de 50 ans avait plaidé coupable le 14 mai à un chef d’accusation d’exploitation sexuelle pour des gestes commis en 1996, alors qu’il avait 28 ans et était en position d’autorité sur la jeune fille. L’infraction criminelle d’exploitation sexuelle inclut tout attouchement sexuel et toute incitation à des attouchements sexuels par une personne en situation d’autorité ou de confiance vis-à-vis d’un adolescent.

En plaidant coupable, il a reconnu avoir eu une relation sexuelle complète avec la plaignante, sans avoir obtenu son consentement. Plusieurs autres contacts sexuels ont eu lieu par la suite, sur une période de 10 ans.

En sortant de la salle de cour, M. Mervil s’est dit soulagé.

Il a présenté à nouveau ses excuses «à la personne qui a porté plainte» contre lui, sans la nommer, puisqu’une ordonnance de la Cour empêche de dévoiler son identité. «Ça prend du courage, et elle l’a fait. C’est correct», a-t-il dit. Il espère qu’elle va pouvoir reprendre sa vie, mais n’a pas voulu commenter plus longuement.

Sur une vidéo mise en ligne le jour même sur Youtube, intitulée «Les mots dits», il a ajouté que «si cette triste histoire peut servir au moins à apporter un changement positif dans le comportement homme-femme, si cette histoire-là peut faire en sorte que la société s’améliore, bien au moins cet événement-là aura eu ça de positif».

Dans son message, il dit aussi vouloir remettre les pendules à l’heure. Il se plaint alors de la couverture médiatique dont il a été l’objet, reprochant aux journalistes de manquer de rigueur. Il en profite pour clarifier l’infraction d’exploitation sexuelle, qu’il ne faut pas confondre avec le proxénétisme, dit-il.

En rendant sa peine, la magistrate a analysé les circonstances atténuantes et aggravantes du crime et retient d’abord que celui-ci a été commis sur une mineure, sur laquelle Luck Mervil était en position d’autorité. Les importantes conséquences du crime sur l’adolescente constituent aussi des circonstances aggravantes: à ce sujet, elle note entre autres sa perte d’estime d’elle-même, l’abandon de l’école et les relations difficiles qu’elle a eues par la suite avec sa famille et ses amis.

La juge Hébert voit aussi des facteurs atténuants: le plaidoyer de culpabilité qui évite à la victime d’avoir à témoigner et qui met un terme définitif au processus judiciaire. Le fait que Luck Mervil a exprimé des remords et qu’il a présenté ses excuses à la victime et à sa famille sont pris en compte.

«Ces remords, que le Tribunal évalue comme étant sincères, démontrent que le processus judiciaire a permis d’atteindre la majorité des objectifs reliés à la peine: la dissuasion spécifique, la prise de conscience par le délinquant de sa responsabilité par la reconnaissance du tort causé et, dans la mesure du possible, la réparation des torts causés à la victime et à la collectivité».

Elle note que le quinquagénaire n’a pas d’antécédents criminels, est impliqué auprès de sa famille et dans sa communauté, ainsi que dans des organismes humanitaires. «Il est engagé, responsable et possède des valeurs prosociales», souligne-t-elle. Bref, il est un actif pour la société, écrit la juge.

Luck Mervil avait été arrêté en 2014 pour ces événements s’étant déroulés il y a 22 ans.

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