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Le pont Champlain ne sera pas prêt à temps, selon le VG

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le gouvernement fédéral soutient que le nouveau pont Champlain sera prêt à temps et respectera le budget alloué quoi qu’en dise le vérificateur général.

Dans un rapport rendu public mardi, Michael Ferguson estime que la construction du pont coûtera plus cher que prévu et ne sera pas terminée à temps. Il montre du doigt la planification et la gestion de risque déficiente du ministère de l’Infrastructure qui aurait dû décider de remplacer la structure des années auparavant. Son analyse s’étend de 1999 à 2017.

L’échéance pour l’ouverture du pont, qui a déjà été repoussée au 21 décembre 2018, lui semble ambitieuse même avec l’ajout de nouvelles ressources ou l’utilisation de nouvelles méthodes de construction pour accélérer l’achèvement du projet.

«Nous suivons cette situation de très près, a affirmé le ministre des Transports, Marc Garneau. Nous faisons des réunions régulièrement avec Signature sur le Saint-Laurent, le promoteur, et nous allons respecter notre échéancier du 21 décembre 2018.»

Le gouvernement Trudeau blâme son prédécesseur pour avoir trop tardé à lancer la construction du pont. Le député conservateur Gérard Deltell s’est porté à la défense du gouvernement Harper.

«Il faut comprendre aussi que ce n’était pas un enjeu facile parce qu’on était en pays neuf et chaque pont représente un défi en soi», a-t-il reconnu.

Le budget initial prévu pour le nouveau pont s’élevait à 4,2 milliards $, mais le projet a déjà connu un dépassement de coûts de 235 millions $ pour des mesures d’accélération et une indemnisation du Groupe Signature sur le Saint-Laurent.

Des retards dans le transport des pièces, des conflits de travail et une grève ont retardé les travaux, constate le vérificateur général. Des modifications importantes apportées au projet en cours de route jettent un doute sur la capacité du groupe de terminer la construction à temps.

Tout retard supplémentaire entraînerait des répercussions importantes pour la région métropolitaine de Montréal. L’actuel pont Champlain joue un rôle économique important. Les échanges commerciaux auxquels il contribue atteignent 20 milliards $ par année.

500 millions $ gaspillés

Le gouvernement fédéral a mis du temps avant de débloquer les fonds nécessaires pour la construction du nouveau pont annoncée en 2011.

«Nous avons constaté que la décision de remplacer le pont Champlain aurait dû être prise des années plus tôt, a souligné Michael Ferguson. Le retard a coûté aux contribuables plus d’un demi-milliard de dollars.»

Cette somme comprend 306 millions $ qui ont servi à effectuer des réparations majeures sur l’actuel pont Champlain en attendant que le nouvel ouvrage soit prêt. Elle comprend aussi le dédommagement de 235 millions $ pour le Groupe Signature sur le Saint-Laurent.

C’est sans compter le coût économique de la congestion routière due aux fermetures de voies et des restrictions de charge pour les camions.

Le vérificateur général signale que le choix de mener ce projet avec un partenariat public-privé (PPP) dans le but de générer des économies a été fait sans analyse, alors que le PPP peut «s’avérer plus coûteux que le modèle traditionnel». Il souligne que l’analyse a été effectuée inutilement deux ans plus tard.

La construction du nouveau pont Champlain est un projet «sans précédent» qui comporte des risques importants et qui devait être réalisé en accéléré vu sa nécessité. «Le projet du nouveau pont Champlain était l’un des rares projets d’une telle complexité et d’une telle envergure jamais gérés par le gouvernement fédéral dans le cadre d’un partenariat public-privé», écrit-il.

C’est la preuve, selon le Nouveau Parti démocratique, que les PPP ne sont pas le bon véhicule pour réaliser des projets d’infrastructure. «L’expérience du pont Champlain nous dit, le vérificateur était clair, collectivement, ça ne nous sert pas», a signalé la députée Brigitte Sansoucy.

Le vérificateur général remarque aussi que le ministère de l’Infrastructure n’a obtenu aucune garantie que le nouveau pont Champlain, dont la durée de vie prévue est de 125 ans, pourra demeurer en fonction aussi longtemps. L’actuel pont Champlain, ouvert à la circulation en 1962, s’est rapidement dégradé en raison de la corrosion causée par le sel et l’augmentation de la circulation de poids lourds.

M. Ferguson émet cinq recommandations, dont celles d’analyser le coût du cycle de vie des infrastructures et de mieux évaluer le modèle du PPP avant de le choisir. Le ministère de l’Infrastructure accepte toutes les recommandations.

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