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Les menaces environnementales forcent les élus du Grand Montréal à réagir

Oléoduc Photo: (Photo: Depositphotos)

Alors que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté lundi une déclaration d’urgence climatique, elle a aussi dû admettre les limites de son action face au risque qu’aurait un déversement de pipeline.

Talonnée par le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, qui tentait de savoir pourquoi la CMM ne demandait pas la fermeture des controversés pipelines de Trans-Nord et d’Enbridge vu l’absence de plan B pour l’alimentation en eau potable en cas de déversement majeur en amont de Montréal, la mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante, a d’abord résumé les nombreuses démarches déjà entreprises.

«On est préoccupé et on a le pied sur l’accélérateur, a-t-elle admis. Mais ce n’est pas évident avec l’ONÉ [l’Office national de l’énergie, qui gère les pipelines au Canada] et les réponses qu’on reçoit au fil du temps, ce n’est pas satisfaisant.» «Ces mécanismes favorisent une réduction des émissions de GES et l’adaptation des territoires aux changements climatiques», a-t-elle précisé plus tard, dans un communiqué.

La mairesse de Montréal a ajouté que des démarches similaires aux échelons fédéral et provincial n’avaient pas non plus été très productives.

M. Bonin réagissait à un rapport publié par la CMM il y a un mois sur des mesures préventives et des solutions envisageables à la suite d’un déversement majeur dans la rivière des Outaouais, qui pourrait toucher l’eau potable de centaines de milliers de résidents de la métropole, 60 km en aval.

Parmi les 33 recommandations, le comité suggère l’amélioration des plans d’urgence déjà en place dans les municipalités, un partage en temps réel du type de pétrole circulant dans chaque pipeline et l’établissement de protocoles préventifs d’échanges d’eau potable entre municipalités.

Même si plusieurs citoyens ont souligné que la CMM se faisait mener en bateau par les pétrolières et l’ONÉ, son directeur général, Massimo Iezzoni a rappelé que l’organisation métropolitaine était un organisme de concertation qui n’avait pas de juridiction sur la gestion des pipelines.

Pour l’enseignant au Centre national de formation en traitement de l’eau, Guy Coderre, faute de source alternative, en cas de pollution majeure du fleuve Saint-Laurent par des hydrocarbures, Montréal devra probablement émettre un avis de non consommation et se résigner à faire circuler de l’eau contaminée dans son réseau pour l’utilisation des toilettes. Il faudra aussi assurer la distribution d’eau potable embouteillée pendant jours, plusieurs, semaines, ou plus. «Quelles seront les conséquences pour les industries, commerces , institutions, hôpitaux qui comptent sur une eau de qualité pour leurs opérations», se questionné  M. Coderre.

L’ONÉ précise avoir «réitéré à la CMM qu’il mène des inspections fréquentes et exerce des contrôles réguliers des sociétés pipelinières qu’il réglemente et qu’il n’hésite pas à les sanctionner en cas de contraventions aux conditions d’exploitation». Chatal Macleod, porte-parole de l’ONÉ a ajouté que «l’ONÉ entend maintenir une collaboration étroite avec la CMM, dans l’esprit du protocole d’entente signé avec celle-ci le 9 novembre 2015». Ce protocole vise à améliorer le partage d’information et la collaboration entre les deux organismes.

Lors de cette même séance, la CMM a adopté une déclaration citoyenne d’urgence climatique pour notamment appeler Québec et Ottawa à accélérer les démarches visant la réduction des gaz à effet de serre et la transition énergétique. Mme Plante a fait référence à quatre grands axes d’intervention qui sont le financement du transport collectif, la préservation des plaines inondables, l’amélioration de la gestion des matières résiduelles et la décontamination de friches industrielles en vue de leur redéveloppement.

Des citoyens à l’origine de la déclaration initiale étaient sur place pour savoir pourquoi, dans le contenu de la motion déposée par la CMM, la notion «d’urgence climatique» avait été remplacée par celle de «transition énergétique». Mme Plante a répondu que cette formulation avait été choisie pour bien refléter le mode de fonctionnement de la CMM, mais aucunement pour en diluer le propos.

Des élus ont également avancé qu’ils poursuivront les mesures de mise en œuvre du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) dans le cadre de son Plan d’action, en plus d’accélérer le déploiement d’initiatives de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux changements climatiques.

Cette résolution fait aussi suite aux récentes conclusions du Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) qui révèlent que la communauté internationale doit accélérer les mesures de lutte aux changements climatiques afin d’atteindre l’objectif de hausse maximale des températures de 1,5 degré. Elle s’inspire également des discussions qui ont eu lieu lors de la plus récente édition de l’Agora métropolitaine.

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