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Les CPE «mieux adaptés» aux besoins des tout-petits, plaident des syndicats

Des employées des services de gardes manifestent devant les bureaux du ministère de l'Éducation. Photo: Josie Desmarais/Métro

Même s’ils souffrent d’un manque chronique de financement, les centres de la petite enfance (CPE) demeurent beaucoup mieux adaptés aux besoins des enfants que les maternelles 4 ans, ont plaidé jeudi des syndicats lors d’un rassemblement devant les bureaux de Montréal du ministère de l’Éducation et de la Famille.

«Si on prenait l’argent investi dans ce réseau-là et qu’on le plaçait dans les CPE, dans les services de garde éducatifs et dans le milieu des services sociaux, on agirait vraiment en fonction du bien-être des jeunes», explique à Métro la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM), Dominique Daigneault.

D’après elle, l’imposition «mur-à-mur» de maternelles 4 ans créera d’importants déséquilibres en éducation au Québec. «À trois ans, il y a des enfants qui vont déjà se ramasser dans le système scolaire. Les experts disent que les jeunes doivent apprendre par le jeu. La scolarisation trop tôt, ce n’est pas quelque chose de positif, au contraire.»

Même son de cloche pour la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), Lucie Longchamps, qui soutient qu’à cet âge, les jeunes «n’ont pas la maturité psychologique ni physique pour aller à la grande école». «Il leur reste une année pour consolider leur acquis. Laissons-leur au moins le temps de le faire», insiste-t-elle.

«On fait l’envie de nombreux pays et même de l’Ontario, où notre ministre est allé s’inspirer. C’est plutôt ici, avec les travailleuses sur le terrain, qu’il devrait venir le faire.» -Lucie Longchamps

L’expertise des CPE, développée au Québec il y a presque 20 ans maintenant, «doit être respectée», plaide Mme. Longchamps, qui invite le gouvernement à prendre un temps d’arrêt. «Il n’y a pas de mal à s’autoriser une pause, le temps de regarder où on s’en va et les dommages qu’on est en train de faire», a-t-elle illustré.

Son collègue, le président de la FSSS Jeff Begley, abonde dans le même sens et demande une réflexion collective de fond. «Quand on a créé les CPE au milieu des années 90, c’était suite à une mobilisation de 6 ans où on interpellait les parents, les directions, les éducatrices, bref le milieu scolaire. Ce n’était pas avec une promesse électorale mal ficelée, faite quelques mois avant sa mise en application», a-t-il avancé.

Dépister efficacement
Appelant à maintenir les tout-petits «dans des milieux qu’ils connaissent et qui sont adaptés à leur réalité», Dominique Daigneault dit s’inquiéter de l’augmentation en flèche des ratios dans les classes.

«Nos enfants ont besoin de groupes plus petits pour s’épanouir, dans lesquels ils trouvent une stabilité. C’est drôlement important ça aussi.» -Dominique Daigneault

Dominique Daigneault

Dans les derniers mois, Québec a régulièrement mis l’accent dans ce débat sur le dépistage précoce des problèmes chez les jeunes et l’impact qu’auront les maternelles 4 ans à ce chapitre. «On n’est pas contre, dit Mme Daigneault. Il y en a déjà qui se fait, mais si après il n’y a pas de services, ce n’est pas la faute de ces CPE, c’est parce qu’on a aussi coupé dans le système dans les dernières années», déplore-t-elle.

Son groupe syndical estime qu’il manque par ailleurs de dépistage dans les écoles actuellement. «Les jeunes se retrouvent placés sur des listes d’attente de plusieurs mois, voire des années. C’est dramatique quand on sait que c’est essentiel d’intervenir rapidement», argue la porte-parole.

Dans les CPE, dit Lucie Longchamps, les travailleuses sont formées pour dépister les problèmes des enfants «dès la pouponnière». «On le sait dès les premières semaines que ce tout-petit, il a des besoins spécifiques. Ce sont les services qui doivent nous être remis maintenant, pas une fois rendu à 4 ans monsieur Legault», a-t-elle envisagé, soulignant que les maternelles 4 ans en milieu défavorisés «ne donnent même pas les résultats escomptés».

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