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L’UDEM accusée de vouloir «supprimer les assurances collectives» d’employés en grève

Le conflit entre l’Université de Montréal (UdeM) et ses 18 techniciens-mécaniciens – en grève depuis le 14 mars dernier – persiste et «s’envenime» d’après le syndicat qui les représente. Celui-ci déplore que l’employeur ait l’intention de «supprimer les assurances collectives» des salariés, même si ces derniers sont prêts «à en assumer les coûts».

«Ils ne peuvent pas faire ça, c’est immoral, explique à Métro le président du Syndicat des employés d’entretien de l’UdeM (SEEUM), Sylvain Chicoine. Ils menacent des employés et des familles. Au Québec, c’est obligatoire d’être couverts par une assurance-médicaments. Je comprends très mal leur attitude.»

Les salariés auraient appris la volonté de l’UdeM de supprimer leurs assurances collectives lors d’une rencontre au ministère du Travail avec le conciliateur, vendredi dernier. «Ça nous a choqué un peu pas mal», illustre le porte-parole.

Selon lui, l’institution d’enseignement «se fout totalement de nos positions». «Ils ne négocient pas, ils imposent. C’est digne d’une époque révolue», déplore-t-il, condamnant l’attitude unilatérale de la direction «qui fait semblant de vouloir discuter en pelletant tous les problèmes par en avant au lieu de s’asseoir à la table de négociations».

Le désaccord profond entre les deux parties demeure le même qu’au départ : la question de la sous-traitance.

«Ils veulent continuer à embaucher à l’externe pour leur nouveau campus d’Outremont qui va ouvrir incessamment. Nous, on veut être là-bas. C’est le futur de l’UdeM.» -Sylvain Chicoine, président du SEEUM

État des discussions
Depuis le début de la grève, quelques séances de négociation ont eu lieu entre le syndicat et l’employeur en présence d’un conciliateur. À chaque fois, «l’Université refuse d’adoucir sa position», déplore M. Chicoine. «Un exemple: ils n’affichent plus aucun poste depuis au moins un an. Au moins, cherchez un peu avant d’aller en sous-traitance. Après, ça se targue d’être parmi les meilleurs employeurs au Canada», lâche-t-il.

Appelée à réagir, la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, a confirmé à Métro que l’institution a l’intention de supprimer les assurances collectives des membres du syndicat. «C’est la conséquence juridique directe d’une grève de suspendre non seulement la rémunération des grévistes mais aussi l’ensemble des avantages sociaux, explique-t-elle. Nous avions l’obligation de maintenir la couverture d’assurances collectives pendant les 30 premiers jours de la grève et nous l’avons fait pendant une période beaucoup plus longue que ce qui était prescrit.»

D’après elle, il faut voir que tous les avantages sociaux – allocations de retraite et assurances collectives – «font partie des conditions de travail prévue à la convention collective».

«Dans le cadre d’une grève légale ou d’un lock-out légal, tous ces avantages sont suspendus, tout comme la rémunération. [On] informera chacun des grévistes de la suspension de leur couverture d’assurances au cours des prochains jours.» -Geneviève O’Meara, porte-parole de l’Université de Montréal

Mme O’Meara affirme que «l’Université s’est montrée disponible en tout temps pour arriver à un règlement avec l’aide du conciliateur, a fait de nouvelles ouvertures encore récemment en vue de dénouer la situation alors que le syndicat n’a manifesté aucune contrepartie».

Ce qu’en pense le TAT
Dans une décision rendue publique le 16 avril dernier, le Tribunal administratif du Travail (TAT) dit accueillir «en partie» la demande du SEEUM en ce qui concerne la sous-traitance, ordonnant à l’Université «de cesser d’utiliser les services d’un entrepreneur […] afin d’accomplir des fonctions similaires à celles effectuées» par les grévistes.

«Il n’est pas interdit totalement à un employeur d’utiliser les services de sous-traitants pendant une grève», nuance toutefois le TAT, ajoutant qu’il est interdit de le faire «pour remplir les fonctions d’un salarié en grève».

L’UdeM, elle, estime utiliser «correctement» les sous-traitants, «dans la mesure où ils étaient déjà utilisés avant le début de la grève».

Les 18 techniciens en mécanique du bâtiment et de mécaniciens en machines du syndicat, dont la convention collective est échue depuis le mois d’avril 2015, ont rejeté à la quasi-unanimité l’offre «finale» de l’UdeM le 5 mars dernier. Les principaux conflits concernent la durée de la convention collective, la sous-traitance et l’accumulation d’heures supplémentaires.

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