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Travaux: les coûts explosent, les cols bleus en renforts

Photo: Archives/Métro Média

Devant l’explosion des coûts pour la réalisation de saillies de trottoirs par le secteur privé, l’arrondissement de Ville-Marie s’est tourné vers ses cols bleus pour effectuer une partie des travaux. Une alternative qui devrait être davantage valorisée par la Ville, selon une experte.

L’arrondissement de Ville-Marie a lancé au mois d’avril un appel d’offres concernant la construction de 62 saillies de trottoir afin d’augmenter le verdissement de nombreuses intersections tout en rendant celles-ci plus sécuritaires.

«Souvent, il y a des automobilistes qui se stationnent illégalement aux intersections, donc la saillie vient augmenter la sécurité de la traverse aux intersections en augmentant la visibilité des cyclistes et des piétons», souligne le conseiller municipal du district du Mile End et conseiller associé dans l’arrondissement de Ville-Marie, Richard Ryan.

Selon l’évaluation de l’arrondissement, le coût de construction moyen d’un tel aménagement est d’environ 40 000$, ce qui signifie que la facture de l’ensemble du projet aurait dû s’élever à environ 2,5M$. Or, l’entrepreneur ayant répondu à l’appel d’offres estimait le prix unitaire d’une saillie de trottoir à 67 000$.

«On était extrêmement déçu. C’est tellement important pour nous de faire des saillies, mais on ne pouvait pas aller de l’avant avec une soumission 45% plus élevée que prévue», raconte M. Ryan.

Après avoir pensé à avorter le projet, l’arrondissement a décidé de proposer celui-ci à ses cols bleus, qui réaliseront dès cet été 16 saillies de trottoir avant de continuer les travaux l’été prochain.

Cette initiative détonne avec les habitudes des arrondissements montréalais, qui priorisent souvent le secteur privé pour la réalisation des travaux sur leurs rues locales. Mais elle pourrait faire des petits alors que l’importante demande en travaux crée une «surchauffe» des prix proposés par les entrepreneurs.

«C’est dans les réflexions présentement [d’avoir plus souvent recours aux cols bleus] parce qu’on a des problèmes de dépassements de coûts dans plusieurs secteurs», note M. Ryan.

L’élu ajoute que la réalisation des travaux «à l’interne» revient «beaucoup moins cher» que le secteur privé. 

Plus de compétition
Selon le porte-parole du Syndicat des cols bleus de Montréal, Hans Marotte, la Ville devrait développer le réflexe de consulter davantage les cols bleus avant d’accorder un contrat au secteur privé pour des travaux routiers.

«C’est sûr que les cols bleus ne pourront pas faire 100% des jobs, ce n’est pas réaliste. Mais avant de donner des contrats, il faudrait faire des analyses comparatives entre ce qu’offre le public et le privé», estime-t-il 

Un constat que partage la professeure à l’Université du Québec à Montréal et experte en gestion municipale, Danielle Pilette.

«Je pense qu’on devrait se tourner vers les cols bleus systématiquement pour avoir une idée des travaux et des devis», soutient Mme Pilette, qui croit que la Ville doit «sortir des simples règles du marché». 

«Il y a peu de compétition actuellement, donc les soumissions sont toujours à des montants élevés.» Danielle Pilette, professeure à l’Université du Québec à Montréal

Selon l’experte, en créant de la compétition entre le secteur public et le privé pour la réalisation de travaux municipaux, la Ville pourrait inciter les entrepreneurs à être «moins gourmands» dans leurs soumissions.

Appelée à réagir, l’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy, reconnait que l’initiative de Ville-Marie est «une bonne idée».

«Nous pourrons voir quelle suite nous pourrons y donner, mais pour le moment nous n’avons pas de position arrêtée», ajoute-t-elle. 

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