Parc Jeanne-Mance: la communauté de balle-molle en cour contre la Ville de Montréal
La communauté de la balle-molle du parc Jeanne-Mance lancera des procédures judiciaires contre la Ville de Montréal ce vendredi. Ses membres accusent l’administration Plante d’avoir détruit le terrain nord du parc après avoir promis le contraire.
Le groupe de citoyens à l’origine de la poursuite promet de «remplir la salle du tribunal» pour montrer leur dévouement à la cause.
«Ce qu’on comprend, c’est que la Ville a l’habitude de défendre très ardemment ses points. Notre avocat se prépare depuis plusieurs semaines pour avoir un dossier béton», explique à Métro la porte-parole du regroupement citoyen, Marie-Claude Lacerte.
Les citoyens impliqués estiment s’être confrontés à un manque d’écoute de l’administration municipale lors de la consultation publique sur l’avenir du parc Jeanne-Mance, qui s’est conclue le 11 juin dernier,.
«Depuis le début, la Ville nous disait d’aller nous faire entendre. Sauf que, le temps venu, on nous a expliqué que la balle-molle était un enjeu trop spécifique. Ça a créé une tension, et la dernière interaction entre les deux camps s’est faite dans l’amertume», constate Mme Lacerte.
La poursuite contre la Ville avance que les règlements municipaux sur la modification de sites patrimoniaux n’ont pas été respectés. Elle repose principalement sur quatre arguments.
Le premier est que la Ville n’a pas obtenu de permis auprès du Ministère de la Culture avant de détruire le terrain nord. Ce terrain se trouve sur le site du Mont-Royal, un espace classé patrimonial.
«Notre communauté diverse donne une signification exceptionnelle à cet espace public depuis des décennies et il existe le sentiment parmi nos sympathisants qu’il est important de se battre pour la restauration du Terrain nord.» -La seconde plaignante Marisa Berry-Méndez
Pour le candidat à la mairie du Plateau-Mont-Royal de l’opposition officielle Jean-Pierre Szaraz – impliqué dans ce dossier depuis le début –, la démolition du terrain n’était en rien justifiée. «Ce n’est qu’une preuve de plus que Projet-Montréal ne se soucie pas des citoyens lorsqu’ils prennent des décisions, surtout concernant les infrastructures sportives», avance-t-il.
Il dit juger regrettable «que des citoyens n’aient pas d’autres choix que d’aller en cour parce qu’ils ne se sentent pas écoutés par leurs élus, qui sont pourtant là pour les représenter».
Négligence et fermeture
Le regroupement accuse aussi la Ville d’avoir fait preuve de négligence dans ce dossier, refusant de consulter le Conseil du patrimoine de Montréal à propos de la démolition. Il cite aussi des craintes de sécurité «mal fondées».
«L’attitude de la Ville ne tient pas la route et rien n’a été communiqué dans le respect à la communauté, illustre la porte-parole. Le lien avec les citoyens n’a pas été fait à nos yeux, sans nous donner vraiment la chance de s’exprimer. On préférerait ne pas se rendre en justice, mais on n’a pas le choix.»
Une campagne de financement lancée en ligne en décembre dernier a permis d’amasser plus de 10 000$ en moins de deux semaines pour financer les frais juridiques du groupe citoyen, preuve que l’enjeu intéresse les Montréalais d’après la communauté de balle-molle.
«Je n’ai jamais fait partie d’une communauté où tant de milieux sont représentés et je pense qu’il n’y en a peu d’autres à Montréal», illustre à ce sujet le troisième plaignant David Smith.
Joint par Métro, le cabinet de la mairesse indique qu’il ne commentera pas spécifiquement la poursuite, mais rappelle qu’un plan directeur pour ce secteur est en préparation.
«L’aménagement de ce terrain de balle avait préalablement été conçu pour les enfants alors qu’il était utilisé par des équipes adultes, le rendant non sécuritaire. L’espace disponible ne permet pas la cohabitation de deux terrains de balle de niveau adulte», avait indiqué le cabinet à ce sujet en décembre dernier.