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Logement social: l’abordabilité des Faubourgs suscite des inquiétudes

Brasserie Molson
Le secteur des Faubourgs, à l'est du centre-ville, comprend notamment l'ancienne brasserie de Molson, qui fera l'objet d'un important projet immobilier. Photo: Josie Desmarais/Archives Métro

Le Programme particulier d’urbanisme (PPU) des Faubourgs doit être adopté sous peu par les élus de la Ville de Montréal. Mais des organismes s’inquiètent de l’insuffisance projetée de logements «réellement abordables» dans le secteur. L’administration Plante, elle, promet qu’elle mettra tout en œuvre pour ne pas «répéter un deuxième Griffintown».

«Il faut s’assurer d’une bonne planification des services. Oui, on veut du développement et du logement, mais pas à n’importe quel prix», explique à Métro le responsable des dossiers d’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry.

Le projet des Faubourgs sera développé sur un terrain de 53 hectares aux abords du pont Jacques-Cartier. Un grand parc de 1,2 hectare ainsi qu’une promenade linéaire de 600 mètres entre le belvédère du Chemin-Qui-Marche et le parc du Pied-du-Courant seront aménagés.

À terme, le site doit comprendre 7500 nouveaux logements.

«Près de la moitié seront réservés aux logements abordables, sociaux ou familiaux.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal, disant vouloir «accroître la qualité de vie» dans le Village et le Centre-Sud.

Ces nouvelles unités n’entreraient pas pour la plupart dans la cible de 12 000 logements sociaux d’ici 2021 de la Ville, car elles ne seront développées que «dans les prochaines années», entre autres sur l’ancien site de Molson. D’ailleurs, tout projet urbanistique vient avec «certains pièges» à éviter pour une administration municipale, avoue Robert Beaudry.

«Ça peut découler d’un manque de planification, ou encore d’un manque de réglementation claire. L’an passé, c’était aussi ça l’enjeu avec notre stratégie d’inclusion. On était soit sur le bon vouloir des promoteurs, soit sur l’entente avec les arrondissements», raisonne-t-il.

Un plan de match serré

Cette fois-ci, la Ville dit vouloir «donner une prévisibilité au marché dès le départ» en imposant une réglementation forte. «Il faut impérativement comme ville jouer notre rôle de régulateur», ajoute celui qui est aussi conseiller du district Saint-Jacques, dans l’arrondissement de Ville-Marie.

«On doit s’attarder à l’inscription architecturale pour préserver les vues. En même temps, on veut aussi faire des connexions avec des espaces déjà existants. Il faut aussi favoriser la mobilité.» -Robert Beaudry, responsable de l’habitation

Une seconde consultation organisée par l’OCPM se tiendra également au cours des prochaines semaines. La propagation du coronavirus dans la métropole pourrait toutefois ralentir les procédures. Montréal envisage toutefois «d’autres manières» de tenir la consultation, notamment 100% en ligne.

Des inquiétudes sur les prix

Appelé à réagir, le porte-parole du Regroupement des comités logement et des associations de locataires du Québec (RCLALQ), Maxime Roy-Allard, dit s’inquiéter de la réelle abordabilité qui sera disponible dans le secteur des Faubourgs.

«Les logements dits abordables sont loin d’être abordables pour la plupart des ménages montréalais. Il n’y a aucune garantie que leur prix n’augmentera pas non plus. C’est le même principe pour les logements familiaux.» -Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ

M. Roy-Allard estime que le principal enjeu est de savoir combien de logements sociaux seront construits. «C’est ça le plus important. Seuls les logements sociaux seront vraiment abordables pour les gens du quartier. Il doit en avoir le plus possible», insiste-t-il. Son groupe ajoute que les nouveaux commerces devront offrir des produits accessibles aux personnes à faible revenu et aux familles monoparentales. Le secteur connaît un embourgeoisement rapide depuis quelques mois.

Pour le responsable du comité logement de Ville-Marie (CLVM), Éric Michaud, il est «très préoccupant» que la Ville donne peu de précisions sur le logement social. «Dans le Règlement pour une métropole mixte, on définit qu’un logement abordable, c’est 2000$ pour un 5 1/2. Pour le Montréalais moyen, c’est aucunement abordable», s’indigne-t-il.

«On veut être certains que le logement social ne prenne pas la forme de compensations financières dérisoires, comme ça a été le cas avec l’Hôpital de Montréal pour enfants», ajoute-t-il.

Même son de cloche pour la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme. «Ville-Marie compte pas moins de 15 240 ménages locataires devant consacrer, mois après mois, la moitié ou plus du revenu au loyer. Leur revenu n’est que de 11,152 $ par an. Ne prévoir que 3750 logements sociaux, abordables ou familiaux, sur un des derniers grands sites de l’arrondissement, c’est vraiment trop peu», dénonce-t-elle.

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