L’industrie touristique, entre résignation et espoir
Festivals annulés, frontières fermées, hôtels vides et rues désertes: les prochains mois s’annoncent sombres pour l’industrie touristique montréalaise.
C’est sans surprise que les acteurs de l’industrie ont encaissé vendredi dernier l’annulation de tous les grands évènements culturels de la province jusqu’au 31 août.
Pas de Festival de Jazz, de Grand Prix de Formule 1 ou de festival Osheaga cette année. Pas non plus de touristes venus d’Europe, des États-Unis ou du reste du Canada pour y assister.
«Oui, ça fait mal, mais toute la crise fait extrêmement mal, a reconnu Manuela Goya, vice-présidente de Tourisme Montréal. Surtout maintenant, en 2020, alors qu’on attendait une année exceptionnelle basée sur la croissance des cinq dernières années.»
Tourisme Montréal espérait recevoir près de 11,5 millions de visiteurs cette année. Ce chiffre pourrait fondre comme neige au soleil, selon l’évolution de la crise au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde.
«La perte pour l’économie de Montréal est importante, soutient Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
«On perd d’abord les retombées des visiteurs de l’étranger, qui se chiffrent en centaines de millions de dollars. On ajoute à cela ce que les Québécois et Montréalais dépensent dans le cadre de ces événements. Ç’a un impact énorme.»
«La perte des festivals est l’élément le plus visible, mais derrière tout cela, ce sont toutes les activités culturelles et créatives qui souffrent.» Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain
Le tourisme représente plus de 57 000 emplois directs et indirects dans la métropole. Impossible pour l’instant de chiffrer les pertes d’emplois ou les pertes encaissées par les entreprises.«Tout le monde souffre en ce moment», rappelle Manuela Goya.
Les intervenants interrogés par Métro soulignent tout de même l’intervention rapide des gouvernements, qui permet de soutenir temporairement employés et commerces.
«Une fois cette étape passée, je crois qu’on se dirige vers des aides sectorielles pour les industries qui vont être touchées dans la durée, comme c’est le cas de l’hôtellerie et du tourisme», a analysé Michel Leblanc.
Une relance de l’industrie touristique montréalaise et québécoise
Pour redémarrer la machine lorsque les conditions sanitaires le permettront, Tourisme Montréal mise d’abord sur les touristes… montréalais.
«Lorsque ce sera possible, on voudrait que les Montréalais soient des touristes dans leur propre ville, explique Manuela Goya.
«Grâce à ses habitants, Montréal est une ville vibrante et dynamique. On souhaite donc que dans un premier temps, les Montréalais redécouvrent leur cité et ses personnalités différentes d’un quartier à l’autre.»
Pour le reste de 2020, l’organisme entend concentrer ses efforts à attirer dans la métropole les autres Québécois, ainsi que les Canadiens d’un océan à l’autre.
«Mon analyse, c’est qu’il y a une énorme envie de vivre qui est réprimée en ce moment. Les Québécois et les Canadiens voudront quand même prendre des vacances, croit Michel Leblanc. On ne peut peut-être pas accueillir des gens de l’étranger, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas maintenir une certaine activité touristique grâce à la demande intérieure.»