La STM appelée à distribuer des masques aux abords du métro
La Société de transport de Montréal (STM) n’a plus d’excuses pour ne pas imposer le port du masque dans le métro, alors que le gouvernement du Québec l’a officiellement recommandé vendredi, soutient une experte en urbanisme et en transports. Elle suggère carrément à la STM de distribuer lui-même ses masques à un prix réduit aux abords des stations, pour limiter la transmission communautaire du coronavirus.
«On a ici une occasion de fidéliser l’usager et de remettre de l’avant le transport collectif. Tout le secteur est mis à mal par la pandémie. Distribuer des masques pourrait devenir une façon de sécuriser la clientèle et de réattirer les gens, alors que la relance économique ne saurait tarder», explique à Métro la professeure au Département de responsabilité sociale de l’UQAM, Danielle Pilette.
Des idées de campagne
Pareille mesure permettrait également d’assurer une distribution égalitaire et sécuritaire pour tous, ajoute Mme Pilette, alors que la Ville de Montréal dit vouloir s’assurer d’être en mesure de produire des masques pour les plus vulnérables avant de les obliger.
La spécialiste ajoute que la prise de position du gouvernement du Québec sur le masque «exercera une forte pression sociale». Une campagne de sensibilisation et d’information devrait être développée dans le métro, selon elle. Objectif: s’assurer de «bien faire passer le message» aux usagers.
«Les masques, ça peut faire peur. Et pour contrecarrer ça, la STM devrait offrir des masques blancs, en symbole de la paix et de la propreté. Il faut envoyer un message d’apaisement par rapport au virus, en disant aux usagers qu’ils font leur part pour la collectivité.» -Danielle Pilette
Mme Pilette appelle les autorités à saisir la balle au bond. «Il faut que ça devienne répandu. Et pas seulement à Montréal. On peut imposer le masque dans les bus scolaires par exemple, quand les cours vont reprendre. C’est l’occasion d’en faire une norme pour le transport collectif», lâche-t-elle.
Standards du fédéral réclamés
Un élu municipal abonde relativement dans le même sens. Il suggère pour sa part au fédéral de construire des «standards» auxquels tous les opérateurs seraient tenus d’adhérer.
«Ottawa doit préciser combien de fois par jour les trains doivent être nettoyés. Il faut financer une distribution gratuite de masques aux usagers, comme l’ont fait les villes de Barcelone ou Milan. C’est la façon de ramener le public vers le transport en commun, progressivement», dit le conseiller de Snowdon et ancien membre du C.A de la STM, Marvin Rotrand.
«Le masque doit devenir obligatoire. Il l’est déjà dans les avions, alors pourquoi pas dans un espace encore plus petit comme un autobus? Ça me paraît illogique.» -Marvin Rotrand
Chez Trajectoire Québec, le président François Pepin est catégorique. «Si le port du masque devient obligatoire, il va falloir s’assurer que les gens puissent en avoir facilement. Il ne faut pas que ce soit un frein à l’usage du transport collectif», analyse-t-il.
Jeudi, la STM a commencé à équiper le métro de distributeurs de désinfectant à main. La société de transport prévoit en avoir un total de 125 d’ici le début mai. «C’est un bon début. Il faut favoriser le plus possible un accès sécuritaire», plaide M. Pepin.