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Uber veut redémarrer, mais demande «à tous» de porter le masque

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Les chauffeurs d'Uber au Québec ont souvent des conditions de travail précaires. Photo: Archives Métro

«Durement frappé par la pandémie», Uber prépare son grand retour, alors que le déconfinement approche dans plusieurs métropoles nord-américaines. L’entreprise, qui a débloqué mardi des investissements de 50 M$ pour fournir des masques, produits désinfectants et savon à ses chauffeurs, demandera à tous les utilisateurs de porter un couvre-visage, dès le 18 mai prochain.

«Nous avons déjà acquis 20 millions de masques, et distribué cinq millions d’entre eux. Tout le monde, incluant les usagers et les chauffeurs, va devoir se protéger adéquatement», a indiqué le chef de la sécurité de l’entreprise, Sachin Kansal.

Plusieurs directives de sécurité seront aussi exigées sur l’application dès lundi, dans un nouvel espace consacré à la COVID-19.

«La responsabilité des deux côtés sera très importante. On va continuer de faire évoluer nos technologies avec le temps, ça c’est certain.» -Sachin Kansal, chef de la sécurité d’Uber

Pour limiter les risques, les chauffeurs devront notamment fournir une photo d’eux avec un masque avant de prendre la route. Un logiciel automatisé les empêchera de prendre des courses s’ils ne portent pas de couvre-visages. Cette exigence ne sera pas imposée aux usagers, mais elle sera «fortement recommandée». Le chauffeur pourra toutefois refuser l’embarquement, s’il ne se sent pas en sécurité.

Un service qui renaît

Le patron du groupe, Dara Khosrowshahi, affirme travailler sur ces nouvelles mesures depuis plus d’un mois.

«On a encouragé les gens à rester à la maison et, ironiquement, à ne pas utiliser nos services. C’était la chose à faire. Aujourd’hui, les entreprises rouvrent tranquillement, et les gens se retournent vers nous de nouveau.» -Dara Khosrowshahi, PDG d’Uber

Chaque véhicule devra aussi être nettoyé et désinfecté «au quotidien», prévient l’entreprise, qui veut offrir une «expérience de sécurité porte-à-porte».

Pour la chef des produits, Rebecca Payne, la rétroaction des chauffeurs et des usagers sur l’application sera primordiale, surtout au départ. «Si un chauffeur ne porte pas de masque pendant le trajet, l’usager pourra le dire, et on enverra du contenu éducatif pour s’assurer qu’il suive nos consignes. Ça vaut aussi dans le cas inverse», illustre-t-elle.

Aucun passager ne pourra monter à l’avant du véhicule, afin d’assurer le maintien de la distanciation sociale. Le service d’Uber Pool, qui permet de récupérer plusieurs clients à la fois, demeure par ailleurs suspendu, la priorité étant de desservir des clients «qui vivent déjà sous le même toit».

Des «risques accrus», dit un expert

Pour l’expert en planification des transports, Pierre Barrieau, des «risques accrus» de transmission demeurent quant à l’utilisation des services d’Uber. «Assurer que ces mesures sont vraiment mises en place, sur le terrain, c’est ça qui va être très difficile. C’est le chauffeur qui va nettoyer lui-même son véhicule, sans supervision, après tout», lance-t-il.

«À un moment donné, ça va prendre des mesures de suivi supplémentaires. C’est plus facile de perdre le contrôle qu’avec une flotte fixe de taxis.» -Pierre Barrieau, expert en planification des transports

Le spécialiste avoue qu’il aurait aimé voir plus de mesures être implantées, comme l’obligation d’un plexiglass entre le chauffeur et les passagers. «On pourrait aussi exiger une désinfection entre chaque trajet, et non juste à la fin d’un quart. Il faudrait éventuellement envisager des phases de test aléatoires sur les chauffeurs», envisage-t-il.

Malgré tout, dit-il, l’avantage est qu’il n’y aura pas d’échange d’argent, comme dans les taxis conventionnels. «Si les gens se comportent bien, le risque peut très bien être contrôlé», conclut M. Barrieau, misant d’abord sur la distanciation sociale.

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