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Montréal pressée d’adopter une «taxe verte» pour atteindre sa cible zéro déchet

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La Ville entend détourner 85% des déchets de l'enfouissement d'ici 2030. Photo: Archives TC Media

La commission municipale chargée d’analyser le plan de gestion des matières résiduelles de Montréal propose la mise en place des «taxes vertes» ainsi qu’un bannissement de tous les sacs d’emplettes à usage unique dans la métropole afin d’aider celle-ci à atteindre ses cibles de réduction des déchets enfouis.

La Commission sur l’environnement de la Ville a publié mercredi matin une cinquantaine de recommandations destinées à l’administration de Valérie Plante. Celles-ci représentent la conclusion d’une vaste consultation publique menée de novembre 2019 à février dernier portant sur le Plan directeur de gestion des matières résiduelles 2020-2025 de la Ville. 

Dans ce document, la Ville se donne comme objectif de détourner 70% des matières résiduelles de l’enfouissement d’ici 2025, un taux qui devrait grimper à 85% d’ici 2030. Une cible ambitieuse qui nécessitera des «mesures fortes», selon la commission.

Actuellement, plus de la moitié des matières résiduelles produites annuellement dans l’agglomération prennent le chemin de l’enfouissement.

Miser sur l’écofiscalité

La commission recommande donc à la Ville de mettre en place «avant 2025» des mesures d’écofiscalité sur le modèle du «pollueur-payeur». Il pourrait s’agir, par exemple, d’une tarification des déchets en fonction de leur poids. Celle-ci pourrait ainsi permettre de réduire la production de déchets «à la source».

«On sait pertinemment que les leviers économiques sont déterminants dans les choix des citoyens et des entreprises. Ce sont donc des mesures qu’il faut mettre de l’avant», estime la chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Louise Hénault-Ethier.

La commission, présidée par l’élue de Projet Montréal Valérie Patreau, propose d’ailleurs la création d’un comité d’experts pour cibler les mesures à prioriser à cet égard, «en tenant compte de l’intérêt et des besoins des groupes plus vulnérables de la population montréalaise». 

Contactée par Métro, la responsable de la transition écologique au comité exécutif, Laurence Lavigne Lalonde, a accueilli positivement cette recommandation. Elle souligne toutefois que la Ville aura besoin de temps pour mettre en place de telles mesures fiscales.

«On va prendre les quatre années qui nous restent [avant 2025] pour mieux réfléchir à comment on va implanter ces mesures-là.» –Laurence Lavigne Lalonde, responsable de la transition écologique à la Ville

Abolir tous les sacs d’emplettes

En février dernier, la mairesse Valérie Plante a pris l’engagement de modifier le règlement municipal encadrant les sacs d’emplette afin que l’ensemble des sacs de plastique soient bannis des commerces de détail de la métropole d’ici la fin de l’année, peu importe leur épaisseur.

La commission municipale demande toutefois à la Ville d’aller plus loin en interdisant tous les sacs d’emplettes à usage unique, «indépendamment de la matière avec laquelle ils sont fabriqués ou de leur épaisseur». Les épiceries ne pourraient alors plus proposer à leurs clients des sacs en papier, qui ont également une forte empreinte environnementale.

«On comprend qu’ils veulent réduire le plastique, mais s’ils nous parlent de toutes les matières, on a un problème. Il faut offrir une alternative aux clients», réplique à Métro le directeur aux affaires publiques et gouvernementales à l’Association des détaillants en alimentation du Québec, Stéphane Lacasse. 

Mme Lavigne Lalonde estime d’ailleurs que la Ville n’est «pas prête» à appliquer une telle recommandation. «Il faut quand même être en mesure d’offrir une solution alternative», convient-elle également. 

Les impacts du coronavirus

La crise du coronavirus pourrait toutefois complexifier la mise en application d’une telle recommandation alors que de nombreuses épiceries au Québec n’acceptent plus les sacs réutilisables pour des raisons sanitaires. Nombre d’entre elles ont aussi cessé de prendre des contenants consignés entre leurs murs.

La commission souligne d’ailleurs dans son rapport que la Ville devra «adapter» la mise en application des mesures inscrites dans son plan d’action au contexte de la crise sanitaire.

«C’est sûr qu’il va falloir repenser certaines façons de faire», convient Mme Lavigne Lalonde, qui estime d’ailleurs que la pandémie pourrait avoir des impacts sur les «échéanciers» de ce plan directeur.

La Ville effectuera un suivi de ces recommandations au cours des prochains mois.

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