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Itinérance: Montréal «sous-financée» face à des besoins croissants

Pauvreté
Photo: Archives Métro

Des organismes de lutte contre l’itinérance s’inquiètent que seulement 7 M$ soient réservés à la région de Montréal, dans l’enveloppe supplémentaire de 21,4 M$ qu’a reçue le gouvernement Legault d’Ottawa. Ils affirment que la métropole dessert pourtant la «grande majorité» la population itinérante de la province, et disent avoir besoin de plus pour ne pas fragiliser les services.

«On est sous-financés. Cette répartition ne reflète pas du tout l’ampleur de la réalité, martèle le président de la Mission Old Brewery (MOB), Matthew Pearce, en entrevue avec Métro. Il n’y a aucune logique derrière cette décision, sachant que Montréal est déjà l’épicentre de la COVID-19 au Canada. On a besoin que le gouvernement soulage davantage nos difficultés.»

Plusieurs organismes n’ont toujours reçu aucune somme de ce programme jusqu’ici. M. Pearce estime qu’il devra faire face à un déficit d’environ 1 M$ cette année, s’il n’obtient pas de soutien rapidement.

«On craint qu’on ne soit plus en mesure de répondre à la demande, si ça continue, dit M. Pearce. À un certain point, il va falloir déterminer si on sert moins de personnes, ou si on donne moins de services.»

Hébergement et primes à risque

Chez Mission Bon Accueil, le président Sam Watts abonde relativement dans le même sens. «Franchement, au départ, je pensais que le 7 M$, c’était une erreur, lâche-t-il. Il faut tenir compte du fait que cet argent sert directement à de l’hébergement. Ce n’est pas pour bâtir de nouveaux services, c’est pour rapidement loger des personnes», dit-il.

M. Watts dénonce que le processus décisionnel entourant l’envoi des sommes requises en itinérance soit «très lent».

«Je suis d’accord avec le fait qu’il faut être prudents. Mais à un moment donné, il faut que Montréal reçoive le nécessaire. L’investissement doit être ciblé pour faire une différence. C’est trop facile de dépenser sans avoir d’impact.» -Sam Watts, de Mission Bon Accueil

Le manque de ressources met en péril la capacité des organismes de mieux rémunérer les travailleurs de première ligne, dit Matthew Pearce. «Ils travaillent sept jours par semaine, sans relâche. Tout comme les primes qu’on donne dans les CHSLD, ces gens méritent une prime de risque», souligne-t-il.

«Extrêmement vulnérables»

Pour la directrice du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal (MMFIM) Michèle Chappaz, la somme de 7 M$ est aussi largement insuffisante pour la région métropolitaine.

«On ne sait pas combien de temps cette crise va durer, et on se dit que 7 M$, c’est très peu pour couvrir les besoins.» -Michèle Chappaz, du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal

À l’instar de la mairesse Valérie Plante, Mme Chappaz presse les gouvernements Legault et Trudeau de conclure l’entente Québec-Ottawa en matière d’habitation, qui se «fait toujours attendre» pour du logement social. «Avec ça en plus, on se sent extrêmement vulnérables en itinérance à Montréal», illustre-t-elle.

Plus à venir, dit Québec

Interpellé par Métro, le porte-parole au Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Robert Maranda, affirme que la région de Montréal est mieux représentée qu’elle ne paraît. En réalité, une réserve de 3 M$ a été gardée pour «répondre à des besoins émergents», ce qui amène le total comparable à 18,4 M$. Selon lui, le CIUSSS du Centre-Sud a reçu une somme additionnelle de 2,2 M$, en vertu d’une enveloppe versée à certaines communautés vulnérables. En additionnant, ces sommes, «la part du financement obtenue par Montréal représente ainsi 44,6 % du financement réparti au Québec», note M. Maranda.

«En fonction des besoins, la région de Montréal pourrait obtenir un financement additionnel à partir de la réserve de 3 M$. La répartition de ce montant sera annoncée dans les semaines à venir.» -Robert Maranda, du MSSS

Au cabinet de la ministre Danielle McCann, la porte-parole Élizabeth Lemay ajoute que Québec «a également versé aux refuges montréalais plus de 350 000$ du fond d’urgence pour les organismes communautaires».

«Des discussions sont toujours en cours avec la Ville de Montréal. Nous sommes sensibles à la particularité de la région métropolitaine en matière d’itinérance et nous déployons tous les efforts pour assurer la continuité des services», assure-t-elle.

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