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Côte-des-Neiges: les commerçants en colère contre un projet de voie réservée

tranport en commun
Photo: Josie Desmarais | Métro

Des commerçants du chemin Queen-Mary sont en colère contre un projet de voie réservée pour bus de la Société de transport de Montréal (STM), qui verra le jour cet automne sur cette artère du quartier Côte-des-Neiges.

La STM réclame depuis environ trois ans de pouvoir aménager une voie réservée sur le chemin Queen Mary, où circule notamment la ligne de bus 51 Édouard-Montpetit, très achalandée avant la pandémie.

Après avoir fait l’objet de consultations auprès des services techniques et des élus de l’arrondissement, cette voie réservée verra finalement le jour cet automne sur un tronçon de 1,4 km de l’artère, entre les rues Macdonald et Cedar Crescent.

«Dépendamment des tronçons, la voie réservée pour bus et taxis se trouvera dans une voie de circulation ou dans une voie de stationnement», explique par courriel une porte-parole de la STM, Isabelle Tremblay. Il faudra donc relocaliser une trentaine de places de stationnement, «tout au plus», précise-t-elle.

«Le projet permettra d’augmenter la fiabilité et la ponctualité entre autres de la ligne 51, fréquentée par des milliers d’usagers notamment de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce», ajoute Mme Tremblay. Projet Montréal avait d’ailleurs réclamé en 2016 que la STM crée cette voie réservée, alors que le parti se trouvait dans l’opposition.

Opposition des commerçants

Ce projet, qui a reçu l’approbation de l’arrondissement et du comité exécutif de la Ville de Montréal, ne fait toutefois pas l’affaire de nombreux commerçants du chemin Queen Mary rencontrés par Métro mercredi. Ceux-ci affirment n’avoir appris que dans les derniers jours que cette voie réservée verra bientôt le jour devant leur établissement.

«De ce que j’en sais, personne n’a été consulté. Je ne sais pas si c’est dans l’agenda politique de quelqu’un, mais ce n’est certainement pas dans le mien», laisse tomber la gérante du magasin Toujours Fleurs, Lorraine Soo. L’entreprise familiale, ouverte depuis 1995, dépend essentiellement d’une clientèle qui se déplace en voiture. Elle effectue aussi des livraisons.

«[La voie réservée] va vraiment faire chuter la clientèle. La majorité de mes clients, ils ne viennent pas en bus ou en métro. La plupart viennent en voiture», ajoute Mme Soo. Cette dernière montre alors du doigt la voie de stationnement devant son commerce, pleine de voitures mercredi avant-midi.

«C’est sûr que le stationnement, on en a besoin. Si les clients n’ont plus d’endroits où se stationner, ils vont aller ailleurs», appréhende également le propriétaire du restaurant Migoto Sushi, Renée Bouchard.

Fermetures

Pour plusieurs commerçants, cette voie réservée représente un nouveau coup dur, après la création d’un corridor sanitaire sur une partie du chemin Queen-Mary dans le contexte de la crise sanitaire.

Le propriétaire d’une boutique de l’artère, qui a préféré conserver l’anonymat, a constaté une baisse importante de son chiffre d’affaires depuis que le corridor piéton devant son commerce l’empêche d’accueillir des clients qui se déplacent en voiture. Il entend d’ailleurs fermer les portes de son commerce pour de bon dans deux semaines.

«La Ville de Montréal s’attend à ce qu’on paie des taxes. Mais si les locataires [commerciaux] ne peuvent pas payer ces taxes, bien ils vont fermer. Et la Ville ne recevra pas ses taxes. Pas une cenne.» -Lorraine Soo, gérante du magasin Toujours Fleurs

Report réclamé

Depuis quelques mois, le conseiller indépendant du district de Snowdon, Marvin Rotrand, tente de convaincre l’arrondissement de réviser ce projet de voie réservée, qui compte selon lui plusieurs lacunes.

Dans une lettre envoyée le 8 mai à la mairesse d’arrondissement, Sue Montgomery, il souligne ses craintes que ce projet n’entraîne une augmentation de la circulation routière sur certaines rues résidentielles avoisinantes en plus de nuire aux commerces du secteur.

«Ce que je demande pour les marchands, c’est que l’arrondissement donne un an de sursis à ce projet afin que la rue puisse se relever [de la crise sanitaire]», indique M. Rotrand, qui rappelle que les bus sont très peu achalandés actuellement en raison de la pandémie.

Mme Montgomery n’a pas voulu commenter cette possibilité.

«Il faut rendre le transport en commun plus attrayant pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la circulation dans notre ville», indique l’élue dans une déclaration acheminée à Métro. Elle assure du même souffle que l’arrondissement «continue de travailler avec la communauté d’affaires» afin de trouver des moyens d’offrir de l’aide aux commerçants du secteur.

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