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Une manifestation à Montréal pour exiger le définancement de la police

Manifestation contre le racisme et la brutalité policière le 7 juin 2020 Photo: Pablo Ortiz /Métro

Une journée de manifestation était organisée aujourd’hui dans plusieurs villes canadiennes pour exiger le définancement de la police. À Montréal, la statue de John A. Macdonald a été déboulonnée par des manifestants.

Organisé par le collectif La Coalition pour la libération BIPOC, les manifestations avaient lieu dans plusieurs villes du Canada comme Toronto, London, Fredericton, Moncton et Halifax. Le rendez-vous de la manifestation à Montréal était donné à la Place des arts ou une centaine de manifestants s’étaient rassemblés, sous les parapluies et avec des masques, avant d’entamer une marche dans le centre-ville tout en scandant des slogans en faveur du définancement de la police.

Principale revendication du collectif, le définancement de la police à hauteur de 50% et un réinvestissement de ce budget dans le soutien de communautés autochtones et noires. La Coalition appuie aussi plus largement des propositions comme la démilitarisation de la police ainsi qu’à un démantèlement du système carcéral.

«Nous revendiquons notre droit humain de base, celui de pouvoir vivre paisiblement et d’avoir des chances équitables de s’épanouir, de prendre soin de nos familles et de soutenir nos communautés, a affirmé une porte-parole. Sans le retrait des lois issues du colonialisme, la libération des personnes noires, autochtones et racisées est impossible. Il faut investir dans les gens, pas dans la police. Des comités de réallocation s’assureront que les budgets retirés aux forces policières soient réalloués à des initiatives communautaires», a déclaré le collectif dans un communiqué. L’objectif de leurs actions étant de mettre fin «au racisme systémique dans tous les paliers gouvernementaux au Canada».

En plus de leurs revendications concernant leur définancement, le collectif propose aussi des stratégies alternatives à un service de police, notamment un investissement «dans des services de santé mentale et des mesures de sécurité routière plus sûres», des services d’urgence communautaires «sensibles aux traumatismes pour les personnes ayant subi des violences basées sur le genre» ainsi que des services civils «de résolution de conflits afin de remplacer les interventions policières dans les cas d’infractions mineures.»

Si la manifestation s’est déroulée dans le calme, des manifestants ont néanmoins déboulonné la statue de John A. Macdonald situé sur la place du Canada, en centre-ville de Montréal. Cette statue du 1er premier ministre du Canada est régulièrement la cible de militants antiracistes, souvent aspergée de peinture rouge sang.

La mairesse de Montréal Valérie Plante a déploré dans un communiqué «les actes de vandalisme» qui ont mené au déboulonnement de la statue.

«Nous savons que certains monuments historiques, ici comme ailleurs, sont au cœur de débats émotifs. Je réitère que je privilégie de les mettre en contexte plutôt que de simplement les retirer. Je suis également en faveur d’ajouter des monuments qui seront plus représentatifs de la société à laquelle nous aspirons toutes et tous. Je comprends et partage la motivation des citoyennes et citoyens qui veulent vivre dans une société plus juste et inclusive. Mais la discussion et les gestes qui s’imposent doivent se faire de façon pacifique, sans jamais avoir recours au vandalisme», a-t-elle déclaré.

Elle ajoute que le bureau d’art public va sécuriser et coordonner la conservation de la statue qui a été déboulonnée et décapitée. Une enquête du SPVM serait en cours, toujours selon Valérie Plante.

Montréal va-t-il réduire le financement du SPVM ?

Cette manifestation intervient dans un contexte de protestation contre la violence policière et le racisme systémique important qui courent depuis plusieurs mois. Déjà touchée par la mort de George Floyd en mai dernier, la colère de certaines communautés a été ravivée cette semaine par l’affaire Jacob Blake, un Afro-Américain de 29 ans, gravement blessé après s’être fait tirer 7 fois dans le dos par un policier le 23 août dernier à Kenosha dans le Wisconsin. Jacob Blake est toujours à l’hôpital, et restera vraisemblablement paralysé selon sa famille.
Les manifestations qui ont suivi ont été aussi le théâtre d’une fusillade ayant fait deux morts et un blessé grave, après qu’un jeune de 17 ans, membre d’une milice ait ouvert le feu sur les manifestants. Une contestation et un mouvement populaire qui prend de l’ampleur à quelques mois des élections présidentielles américaines.

Les appels au définancement des services de police au profit d’organismes communautaires sont réguliers depuis plusieurs semaines et souvent une revendication des manifestants comme à Montréal en juin dernier. Certaines villes comme Toronto ont déjà réalloué des financements de leur service de police.
Il y a quelques jours, la Ville de Montréal a inclus le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) parmi la liste des services qui pourraient subir une baisse de leur financement pour permettre à la métropole d’équilibrer ses finances. La Fraternité des policiers et policières de Montréal s’est vivement opposée à cette possible réduction du financement du SPVM dans un mémoire publié lundi dernier. Selon eux, un tel projet nuirait à la sécurité publique, et pourrait entraîner une hausse de la criminalité.

Mise à jour 17h36: Ajout de la réaction de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

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