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Mamadou Konaté: travailleur essentiel en sursis

travailleur essentiel Mamadou Konaté
Mamadou Konaté qui a travaillé dans trois CHSLD pendant la première vague est aujourd’hui détenu au Centre de surveillance de l’immigration de Laval. Photo: Gracieuseté

Après plusieurs semaines passées en détention au Centre de surveillance de l’immigration (CSI) de Laval, Mamadou Konaté a enfin été libéré. Ce travailleur essentiel qui a désinfecté des chambres de CHSLD pendant la première vague est cependant toujours menacé de déportation.

Ivoirien d’origine, Mamadou Konaté est arrivé au Canada en 2016, fuyant la crise politique qui déstabilise son pays. Avant d’atterrir au Québec, il est d’abord passé par le Libéria et le Nigeria, deux pays africains où il a vécu en tant que réfugié.

«Depuis que je suis ici, j’ai travaillé dans différents domaines. Dans des centres de tri, pour des commissions scolaires ou encore pour Hydro-Québec», raconte M. Konaté.

Au début de la pandémie, il a répondu à l’appel du premier ministre François Legault qui enjoignait les citoyens à aller travailler dans les CHSLD qui manquaient de main-d’œuvre. Pendant plusieurs mois, il travaille ainsi en tant qu’agent d’entretien dans les zones chaudes.

«Je devais nettoyer et désinfecter les chambres des personnes âgées infectées par la COVID. Malheureusement on manquait de matériel de protection et c’est là que j’ai attrapé la COVID», témoigne-t-il.

Mais, M. Konaté ne se laisse pas découragé et, une fois guéri, il retourne à son poste.

Détention et déportation

Faute de statut légal au Canada, M. Konaté est arrêté en septembre dernier et placé en détention au CSI de Laval. Il a depuis été libéré sous caution, mais se trouve toujours menacé de déportation, malgré les démarches menées par son avocat. Il craint à tout moment d’être renvoyé dans son pays d’origine.

«En Côte d’Ivoire ça ne va pas du tout, la situation n’est vraiment pas stable. Me déporter là-bas, ça serait me forcer à vivre ma vie en danger», plaide M. Konaté.

Grâce à ses amis et à plusieurs personnalités politiques qui se sont mobilisés, une pétition, appuyée par Québec solidaire, a été lancée pour demander à la ministre de l’Immigration Nadine Girault d’octroyer un Certificat de sélection du Québec à M. Konaté.

Ce document serait pour lui un premier pas vers une régularisation de son statut.

«M. Legault a évoqué la possibilité d’élargir le programme qui permet aux demandeurs d’asile du domaine de la santé de régulariser leur situation. Si cela se concrétise, ça serait une très bonne nouvelle pour M. Konaté et les autres travailleurs étrangers sans statut», a expliqué Andrés Fontecilla, porte-parole de QS en matière d’immigration.

Selon lui, des mesures sont en tout cas nécessaires pour que la reconnaissance du gouvernement envers les travailleurs essentiels se traduise en actes.

«C’est vrai que je ressens un peu un sentiment d’injustice. J’aimerais que l’effort que les immigrants ont fait pour la nation soit reconnu. Je veux rester ici où j’ai construit ma vie et continuer à travailler. J’ai ma place dans cette société», affirme M. Konaté.

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