Québec solidaire demande le gel des augmentations de loyer en 2021
Québec solidaire réclame un gel des loyers au Québec pour l’année 2021, une proposition à laquelle s’oppose la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).
C’est par la voix du député de Laurier-Dorion et responsable en matière de logement, Andrés Fontecilla, que le deuxième parti d’opposition fait pression sur le gouvernement du Québec pour l’adoption d’une loi spéciale afin de suspendre les augmentations de loyer.
«La crise du logement ne s’est pas mise sur pause au jour 1 de la pandémie. Les loyers ont continué d’augmenter en flèche pendant que des milliers de personnes perdaient leur emploi ou faisaient face à d’importantes baisses de revenus», plaide M. Fontecilla par voie de communiqué.
Invité à réagir à ce sujet, le directeur Affaires publiques de la CORPIQ, Hans Brouillette, considère que l’élu de QS est «déconnecté des réalités économiques».
«On réclame un gel des loyers alors que les augmentations de coût, elles, se poursuivent.»
M. Brouillette affirme que les coûts d’assurance, de gestion et de construction ont augmenté pendant la pandémie. À l’inverse, il indique que l’inflation des loyers au Québec est moins rapide qu’en 2019.
Une tendance qui devrait se poursuivre selon lui, puisqu’«avec l’économie qui a ralenti, avec l’immigration qui est en chute, avec les étudiants qui n’ont plus besoin de se rapprocher d’une université, avec tous les logements Airbnb qui deviennent disponibles, le taux d’inoccupation est en train de remonter très rapidement.»
Ces facteurs vont ralentir l’augmentation des loyers, prévoient le directeur Affaires publiques de la CORPIQ.
L’exemple ontarien
Du côté du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), l’organisme ne revendique pas seulement le gel des loyers, mais également un contrôle obligatoire de ces derniers.
«En Ontario, il y a un prix plafond, exemple 2 %. Si le propriétaire veut 3 %, il doit aller le justifier au tribunal, explique le porte-parole du RCLALQ, Maxime Roy-Allard. Le fardeau est renversé, ce qui permet à beaucoup de locataires d’éviter des hausses importantes de loyer.»
Au Québec, ce sont les locataires qui doivent contester, «sinon le propriétaire peut augmenter le loyer comme il le veut», ajoute-t-il.
QS donne également l’Ontario en exemple, puisque le gouvernement Ford a gelé les augmentations de loyer jusqu’au 31 décembre 2021.
M. Brouillette considère que les deux systèmes sont incomparables : «En Ontario, il faut savoir qu’il n’y a pas de contrôle des loyers quand le locataire quitte. Je peux avoir un gel des loyers aujourd’hui, mais quand le locataire va quitter, je peux annoncer le loyer de mon choix et le relouer au prix que je veux, ce qui n’est pas le cas au Québec.»
À ce sujet, Maxime Roy-Allard apporte des nuances et rappelle que le RCLALQ réclame un registre des loyers afin que, lorsqu’un locataire signe un bail, il ait accès à l’information exacte du prix du loyer de l’année précédente.
«Le locataire peut contester la hausse qui a été faite s’il juge qu’elle a été abusive, mais ça, ce n’est jamais respecté, parce que sans registre, les locataires ne sont pas bien outillés pour faire valoir leur droit à ce sujet», explique-t-il.
Coût moyen à Montréal
Selon les chiffres colligés en octobre 2019 par la Société canadienne d’hypothèques et de logements, le coût moyen d’un 4 et demi est de 853 $ dans la région métropolitaine de Montréal. Évidemment, cette moyenne varie d’un arrondissement à l’autre.
S’il est près de 800 $ pour un deux chambres dans les quartiers de l’est comme Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont–La Petite Patrie ou encore, Ahuntsic-Cartierville, le coût moyen dépasse le 1000 $ dans Le Plateau-Mont-Royal et les 1500 $ au centre-ville.
De plus, ces moyennes tiennent compte seulement des logements déjà loués et non des logements à louer. Dans ce dernier cas, le coût moyen d’un 4 et demi à Montréal serait de 1317 $ selon une étude du RCLALQ dévoilée en juin 2020.