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Des médecins de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont dénoncent le naufrage du système de santé

HMR Maisonneuve-Rosemont urgences
L'hôpital Maisonneuve-Rosemont Photo: Josie Desmarais/Métro

Dans une lettre ouverte intitulée Le naufrage du système de santé publié ce matin par La Presse, des médecins des urgences du CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal dénoncent la pénurie de personnel auquel le réseau fait face et interpellent le ministre de la Santé, Christian Dubé sur l’urgence de la situation.

Dimanche, la situation était si critique que les infirmiers du quart de nuit ont procédé à un sit-in, refusant de débuter leur quart de travail, a appris Métro. Les gestionnaires en place ont dû demander à 53 employés d’exécuter des quarts de travail supplémentaires, et ce, en seulement 48 heures.

Déjà mis à mal par la pandémie de la COVID-19, les départs dépassent les arrivées du personnel et notamment des infirmières, selon les médecins des urgences. La moitié des postes d’infirmiers seraient vacants, de même que les trois quarts des postes d’inhalothérapeute.

Résultat: 10 à 20% des lits sont fermés sur certains étages dans le réseau. «Nos équipes des urgences, déjà incomplètes et épuisées, doivent absorber des débordements de patients, bien au-delà de la capacité pour laquelle ces urgences ont été conçues.»

«Des heures supplémentaires obligatoires se sont imposées comme l’ultime recours face à la rupture de services, alourdissant la charge de travail, le fardeau émotionnel et la détérioration du climat de travail, et poussant le personnel à quitter le navire en détresse.»

Extrait de la lettre ouverte des médecins de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont

S’attaquer au problème

L’une des sources de la pénurie d’employés disponible est l’avènement des agences, considèrent les médecins de l’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Les infirmiers qui y travaillent bénéficient d’une rémunération supérieure, sans avoir à accumuler les heures supplémentaires.

«Cette ponction, fort onéreuse pour le réseau public, est intenable et doit cesser, exige-t-on dans la lettre. Les agences ont un rôle essentiel à jouer, en particulier dans les établissements ruraux, mais elles ne doivent en aucun cas exacerber les difficultés vécues dans nos grands centres.»

La solution, considère-t-on, serait d’offrir aux agences seulement les quarts de travail les moins prisés, comme les soirs, les nuits et la fin de semaine. Un décret devrait être adopté en ce sens pour tout le réseau de santé public du grand Montréal.

La gestion des ressources humaines, et des conditions de travail devraient être revues afin de favoriser l’embauche et la rétention du personnel de santé. Cela passerait par une augmentation des salaires, de même que des conditions de travail. Les heures supplémentaires devraient donc être abolies et des «ratios sécuritaires pour la dispensation des soins devraient être respectés».

Actions rapides réclamées

Sans actions concrètes de la part du ministère de la Santé, un «bris de service s’approche», craint le président par intérim pour le syndicat des professionnels en soins de l’Est de l’île de Montréal (SPSEIM), Kamal Kial.

«Des gens nous ont fait part de leur intention de démissionner, dévoile-t-il. Si on essuie d’autres départs, on sera très proche d’un bris de service.»

La rétention du personnel passe davantage par l’amélioration des conditions de travail des employés en place que par l’imposition de mesures aux agences, croit-il.

«Il ne faut pas forcer les gens à revenir au public, il faut les convaincre d’y demeurer en leur offrant les mêmes conditions qu’en agence, estime-t-il. Chaque départ doit être analysé. Pourquoi les gens quittent la profession? Il ne semble pas y avoir d’analyse concrète et c’est un problème.»

La semaine dernière, le ministre de la Santé Christian Dubé avait admis que les urgences allaient faire l’objet de débordement durant toute la saison estivale. Il s’agit d’un effet collatéral des vacances estivales sans restriction offertes au personnel de la santé partout dans la province, avait-il expliqué.

Cependant, ces vacances n’expliquent que partiellement le manque de bras sur le terrain, constate M. Kial. Un manque de personnel affectait l’Hôpital Maisonneuve Rosemont avant la pandémie, rappelle-t-il.

«Avec tout le temps supplémentaire qu’on a demandé aux infirmiers, il fallait s’attendre à une vague importante de démissions, constate-t-il. Ceux qui restent, on les brûle : on ne leur montre aucune reconnaissance. C’est ce qui fait éclater les urgences partout.»

Lundi matin, les urgences de l’Hôpital Maisonneuve Rosemont étaient occupées à 104%. On y retrouvait 56 civières occupées, dont 3 par des patients qui s’y trouvait depuis plus de 48 heures, selon la plateforme Index Santé.

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