La construction de logements sociaux ralentit dans le Grand Montréal
Il ne se construit pas assez de logements sociaux et communautaires pour répondre aux besoins dans le Grand Montréal. La part du logement social dans le parc locatif est même en diminution.
C’est ce que révèlent de nouvelles données publiées aujourd’hui par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui dresse le portrait de l’habitation dans la région métropolitaine.
Alors que 9,1% des logements locatifs dans le Grand Montréal sont des logements sociaux et communautaires, ils ne représentent que 7,6% de logements locatifs construits dans les cinq dernières années.
On assiste donc une diminution de la proportion de logements sociaux vis-à-vis le parc locatif. Une tendance alarmante selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
«Malgré le fait qu’il se construit beaucoup de logements locatifs par le secteur privé, ils sont petits et très chers. Ils ne répondent pas du tout aux besoins des familles dans la région», indique Marie-José Corriveau, coordonnatrice du FRAPRU.
Selon le rapport de la CMM, on compte près de 200 000 ménages qui consacrent 30% et plus de leurs revenus au loyer. À cela s’ajoutent les 30 000 ménages inscrits sur les listes d’attente en vue d’obtenir un logement HLM ou un supplément au loyer.
«Malgré les 76 700 logements sociaux et communautaires et les 6100 logements privés habités par un ménage bénéficiant du Programme de supplément au loyer, les besoins demeurent importants dans la région métropolitaine en matière de logements subventionnés», peut-on y lire.
Retard dans la livraison des logements
Les chiffres de la CMM relatent aussi de plus en plus de retard dans la construction et la livraison des logements sociaux publics annoncés.
En juin 2021, on dénombrait près de 5400 logements en cours de réalisation dans le cadre du programme AccèsLogis. Parmi ceux-ci, près de la moitié, représentant environ 2400 unités, a été annoncée avant 2018.
Selon la CMM, ces retards s’expliquent par l’inadéquation entre le financement gouvernemental et les coûts réels de réalisation de ces logements sociaux et communautaires.
«AccèsLogis n’a pas été indexé de façon significative depuis 2009, alors que, depuis ce temps-là, les prix du foncier et les coûts de construction ont énormément augmentés», précise Marie-José Corriveau.
Des programmes inadéquats
Le FRAPRU ne pense pas que les initiatives gouvernementales actuelles permettront de régler cette crise. Cette réflexion vise notamment le nouveau Programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ).
«Le problème avec le PHAQ, c’est qu’il est ouvert tant aux promoteurs privés pour du logement subventionné, qui n’est pas réellement abordable, qu’aux organismes sans but lucratifs qui veulent faire du logement communautaire. Mais ils n’ont pas du tout les mêmes moyens de financement. Le programme n’offre pas non plus de montant garanti pour des subventions qui permettent de réduire le loyer des ménages les plus pauvres», explique Mme Corriveau.
Quant au programme fédéral d’Initiative de création rapide de logements, s’il a permis de développer du logement social, il est surtout venu combler le manque de financement récurent du gouvernement provincial dans son programme AccèsLogis, souligne la militante du FRAPRU.
L’organisme appelle donc pour du financement direct de la construction de logements sociaux par Québec. «Vue l’absence d’un nombre adéquat de nouveaux logements sociaux en construction et la disparition du parc locatif abordable dans le Grand Montréal, c’est une augmentation de l’itinérance qui nous pend au bout du nez», met en garde Marie-José Corriveau, ajoutant que c’est toute la société qui va en pâtir.