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Violence armée: réparer le «lien brisé» entre la communauté et la police

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, et le directeur adjoint du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Vincent Richer, à l'annonce de la tenue d'un forum montréalais sur la violence armée. / Josie Desmarais/Métro Photo: Josie Desmarais

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a du travail à faire pour réparer le «lien brisé» avec plusieurs tranches de la communauté montréalaise, selon trois rapports produits à la suite du Forum montréalais pour la lutte contre la violence armée. Plusieurs mesures y sont proposées pour tenter de régler le problème.

Le partage de l’information entre la police, les familles et les organismes est crucial pour contrer la violence armée, souligne le rapport. Or, ce partage s’effectue plus difficilement si une relation de confiance n’est pas établie avec les forces policières. «Il existe des barrières légales, éthiques et organisationnelles à échanger l’information», explique-t-on dans le rapport. «Il est nécessaire de décloisonner certaines informations afin de mieux accompagner les jeunes et de prévenir des situations de violence.»

L’éléphant dans la pièce, c’est le fait que le lien de confiance entre la police et la communauté est brisé. On ne transmet de l’information que si la confiance est au rendez-vous. 

Individu anonyme participant au Forum montréalais pour la lutte contre la violence armée

Pour s’engager contre la violence armée, il «manque des acteurs importants à la table de discussion», détermine-t-on aussi. La mise en place d’actions demeure «complexe», notamment en raison d’un manque de financement durable. Les rapports soulignent donc l’importance de l’implantation de mesures à long terme contre les violences armées.

Avant qu’il ne soit trop tard

On plaide aussi pour un meilleur système de prévention. Au sein d’organismes communautaires, plusieurs acteurs ont reconnu être «peu préparés, voire dépassés par les événements». Le manque de financement, de reconnaissance et le roulement de personnel expliqueraient cela.

«Parmi les freins également soulevés, des personnes ont insisté sur les difficultés qu’elles rencontrent pour avoir accès à des ressources reconnues, vulgarisées et basées sur les meilleures pratiques, ainsi qu’à de la formation», note-t-on.

La prévention, c’est la première à être coupée quand on manque de fonds. La vision du financement doit être commune, et pour ça, il faut du dialogue et de la confiance.

Individu anonyme participant au Forum montréalais pour la lutte contre la violence armée

À cet égard, on propose notamment le développement de services de police de proximité et de terrain, et le déploiement d’agents sociocommunautaires.

Secteurs chauds

Trois secteurs seraient particulièrement vulnérables à Montréal: Montréal-Nord, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Saint-Léonard. C’est eux qui posséderaient l’indice canadien de défavorisation multiple (ICDM) le plus bas, basé sur la vulnérabilité situationnelle et l’instabilité résidentielle.

Les données offertes au Forum indiquent que la violence la plus fréquemment subie par les jeunes est les voies de fait, à 43,1%, suivies par les agressions armées et l’infliction de lésions (20,5%). C’est dans les espaces privés que les gestes de violence sont le plus fréquemment signalés.

Dans son rapport, le Centre international pour la prévention de la criminalité (CPIC) recommande donc au SPVM «de tenir compte de l’espace de vie dans le choix de l’intervention à privilégier» ainsi que de «prendre en considération les points chauds de la Ville et évaluer les effets qu’une intervention préventive peut avoir sur le déplacement de la criminalité». 

Un second Forum pour la lutte contre les violences armées sera tenu en 2023, a annoncé la Ville de Montréal.

L’Opposition réagit

Nous saluons le travail réalisé par l’Institut du Nouveau Monde et l’engagement de tous les partenaires autour des pistes de solutions proposées. Le rapport confirme ce que nous disons à l’administration Plante depuis plusieurs mois: un sentiment d’insécurité s’installe à Montréal.

Abdelhaq Sari, porte-parole de l’Opposition officielle en matière de sécurité publique

Selon l’Opposition officielle, il faut rapidement mettre en place les balises réclamées par les participant.e.s telles que le financement des organismes jeunesse à la mission et le déploiement d’équipes mixtes supplémentaires sur le terrain afin d’établir un dialogue entre les policiers et les jeunes.

«Or, le déploiement de plus d’équipes mixtes implique de remédier au manque d’effectifs du SPVM», ajoute Abdelhaq Sari, porte-parole de l’Opposition officielle en matière de sécurité publique. Bien que la lutte à la violence armée soit l’affaire de tous, la Ville de Montréal doit agir comme cheffe d’orchestre entre tous les partenaires pour favoriser une meilleure concertation et arrêter le travail en silo».

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