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Les employés des sociétés de transport dénoncent une «fausse privatisation» du secteur

Photo: Zoé Arcand / Journal Métro

Des centaines de chauffeurs d’autobus et d’employés de sociétés de transport public ont manifesté jeudi devant les bureaux de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, dans l’arrondissement de Ville-Marie. Ils exprimaient ainsi leur mécontentement devant une «privatisation» du transport en commun, en plus de réclamer plus d’investissements importants dans le transport collectif.

À défaut d’apercevoir les manifestants de loin, on pouvait les entendre; klaxons, sirènes et crécelles résonnaient devant le 500, boulevard René-Lévesque Ouest. Environ 250 membres du Conseil provincial du secteur du transport terrestre (CPSTT) du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), venus d’un peu partout au Québec, certains par délégations transportées en autobus scolaire, étaient présents.

«On représente aujourd’hui tous les acteurs du milieu du transport en commun, sous le joug de l’ARTM [Autorité régionale de transport métropolitain] mais aussi à travers la province», a mis en contexte le président du CPSTT, Anthony Latour.

Le CPSTT demande à la Coalition avenir Québec (CAQ) de respecter sa promesse électorale faite en 2021 d’investir massivement dans le transport collectif. Un engagement qui n’a pas été respecté, juge M. Latour.

Le transport en commun, c’est un investissement pour tous les autres pans de la société.

Anthony Latour, président du CPSTT

Le syndicat dénonce que les sociétés de transport ainsi que le ministère se dirigent vers «une fausse privatisation du service en gardant seulement ce qui est rentable».

M. Latour s’appuie notamment sur un billet du chercheur Colin Pratt, de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). «Il faut être courageux» et avoir une tarification sociale, croit le représentant syndical, une tarification qui va à l’encontre du concept de l’utilisateur-payeur. Le CPSTT souhaite aussi l’adoption d’un plan d’action «ambitieux» pour la Politique de mobilité durable du Québec, qui prévoit une augmentation de l’offre de service d’au moins 5% par année.

Le CPSTT demande également que la ministre Guilbault donne suite au chantier sur le financement avec des solutions structurelles.

Lors du dévoilement de son budget 2023-2024, la CAQ annonçait qu’elle verserait 244 M$ pour améliorer les services et les infrastructures en transport en commun, dont 200 M$ pour assurer la relance du transport collectif.

Déjà beaucoup de financement, soutient la ministre

Au moment où se tenait la manifestation, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, tenait un point de presse portant sur les travaux majeurs touchant la métropole lors de la saison estivale.

Je ne suis pas leur employeur. Le gouvernement finance activement les sociétés de transport en commun. Il n’y a pas que la STM [Société de transport de Montréal], mais aussi le RTL, Exo, etc. Avec notre programme d’aide d’urgence lancé pendant la pandémie, 2 G$ ont été versés pour le transport en commun.

Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable

Selon le représentant syndical, la manière dont Exo est composé pose justement problème. «C’est un sous-traitant qui offre des contrats à l’externe», décrit-il. Selon le CPSTT, Exo devient donc une agence de placement, et le ministère en question éloigne la prise de décisions des citoyens. «La problématique, c’est qu’on n’a plus de comptes à rendre», croit M. Latour.

«La ministre Guilbault, avec l’ARTM, tente d’opérer le transport collectif comme si c’était une société privée, croit le syndicaliste. En coupant des services aux citoyens, en éloignant les décisions des citoyens et en coupant le pouvoir décisionnel aux élus municipaux et aux sociétés qui ont leur propre conseil d’administration. C’est toujours les citoyens qui écopent de ça.»

Le CPSTT dénonce d’ailleurs cette tendance de la CAQ dans d’autres secteurs, comme celui de la santé. Les inquiétudes quant à cette «privatisation» des sociétés de transport sont partagées par d’autres syndicats. Les employés d’entretien de la STM manifestaient au début du mois pour dénoncer ce qu’ils décrivent comme une «sous-traitance abusive» de leur employeur et un «gaspillage de fonds publics».

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