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Pas de famille de proximité pour quatre enfants de la DPJ

La famille Garçon au complet souhaite accueillr les enfants. Photo: Jean Numa Goudou/ Métro Média

Une dizaine de membres de la famille de quatre enfants noirs se battent avec la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) pour les accueillir en tant que famille d’accueil, mais en vain.

Parmi eux, la tante des petits, Jumelle Denoyer-Garçon. «J’ai plaidé moi-même la cause pendant 45 minutes devant un tribunal de la DPJ, mais ils n’ont rien voulu savoir», déplore-t-elle. La grand-mère ainsi que des oncles se portent également volontaires. Mais personne n’a été approché, affirme en chœur la famille Garçon lors d’une rencontre, à Montréal, avec Métro.

Or, la Loi sur la protection de la jeunesse stipule clairement que «lorsque le maintien de l’enfant dans son milieu familial n’est pas dans son intérêt, l’enfant doit être confié en priorité à des personnes qui lui sont les plus significatives, notamment les grands-parents et les autres membres de la famille élargie.»

La grand-mère des quatre enfants, Mathilde Sylfrard, vit à Montréal et se dit «prête» à accueillir ses petits-fils. Elle n’a toutefois pas été approchée par la DPJ. Toujours selon les provisions légales, à défaut de la grand-mère, «l’enfant doit alors être confié à un milieu de vie se rapprochant le plus d’un milieu familial», précise-t-on dans la loi.

Parmi les membres de la famille prêts à les accueillir, six oncles et tantes possèdent des maisons pouvant recevoir ces mineurs et certains n’ont même pas d’enfants à charge.

«Des biais»

«Ça vaut la peine de se poser la question: pourquoi ils n’ont pas été consultés?», se demande la responsable du Comité du programme Option protection du Bureau de la communauté haïtienne de Montréal (BCHM), Marie-Pierre Ulysse. Elle travaille actuellement avec la dizaine de membres de la famille de proximité de ces enfants et souhaite intervenir auprès de la DPJ afin de mieux cerner la problématique.

Marie-Pierre Ulysse, responsable du Comité de suivi du programme Option protection du BCHM

L’histoire a commencé en 2020, alors que le plus vieux des enfants, âgé de 14 ans à l’époque, a fait une bêtise à l’école. L’établissement scolaire contacte les parents et à la fin de la rencontre, l’adolescent déclare ne plus vouloir retourner à la maison. L’école signale le cas et la DPJ décide de le placer.

Beverly Garçon et Léon Cherival, ses parents, décident de se battre pour récupérer leur fils. Mais lors de leur audience au tribunal, la DPJ leur retire la garde des deux autres enfants.

«Ils nous ont dit que c’était pour nous obliger à collaborer et qu’on risquait de se sauver avec nos enfants», se souvient le père, Léon Cherival, en entrevue avec Métro. Entretemps, sa femme, une préposée aux bénéficiaires, tombe enceinte d’un quatrième enfant.

À son accouchement, en novembre 2022, la DPJ débarque à l’hôpital pour retirer le bébé à sa mère, ce qui porte à quatre le nombre d’enfants de cette famille placés ailleurs. Le père affirme que, depuis trois ans, sa femme et lui collaborent avec les autorités sans qu’ils puissent obtenir une ouverture dans ce dossier. «Bien au contraire», dit-il.

Début juillet, la mère a même été arrêtée à la demande de la DPJ à la suite d’une rencontre virtuelle avec une intervenante. «Elle prétend que ma sœur aurait montré un objet pointu pendant la rencontre virtuelle et qu’elle les a menacés avec, ce qui est faux», maintient Jumelle Denoyer-Garçon. Dans les heures qui ont suivi, cinq voitures de police l’arrêtent devant chez elle, «sans mandat», selon son mari.

Une maison vide

En raison de ces démêlés avec la DPJ, M. Cherival, un opérateur machiniste qui travaillait également pour Garda comme agent de sécurité, a perdu son deuxième emploi. Depuis plus de quatre mois, M. Cherival dit ne pas pouvoir voir ses enfants dans le cadre des visites de 30 minutes prévues, programmées avec les autorités. Les rencontres seraient chaque fois annulées à la dernière minute.

«Les intervenants avaient un plan pour en arriver là, à mon avis. Je n’ai pas vu mes enfants depuis quatre mois. À une dizaine de reprises, j’avais un rendez-vous formel pour les voir et, à mon arrivée et à ma grande stupéfaction, on me dit que je ne peux pas [les voir]», déplore-t-il.

La DPJ s’est refusée à tout commentaire sur le dossier. Une porte-parole, Valérie Maynard, nous rappelle toutefois que «la mission première de la DPJ vise à protéger les enfants de son territoire. Son mandat est d’intervenir quand la sécurité d’un enfant est en cause ou lorsque les conditions minimales pour assurer son développement ne sont pas remplies.»

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