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Retour en arrière sur le canal de Lachine

Photo: Yves Provencher/Métro

Depuis près de 200 ans, le canal de Lachine marque la géographie de Montréal. Autrefois une voie de navigation pour les bateaux industriels, il est devenu un espace d’évasion pour les plaisanciers.

À partir de samedi, Héritage Montréal propose une série de visites guidées pour souligner l’aspect historique de la trame bleue et verte de la métropole. Le canal de Lachine et ses environs font l’objet d’une de ces visites. Métro a fait le circuit avec le directeur des politiques d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru.

Le canal

canal Lachine

Le canal de Lachine a officiellement été inauguré en 1825. Ce sont les Sulpiciens qui ont eu l’idée de construire un tel canal au 17e siècle afin de contourner les rapides de Lachine, qui représentaient un obstacle pour les bateaux. Faute d’argent, le projet ne s’est pas concrétisé.

«Les gens ont essayé de faire en sorte que les marécages, les ruisseaux et les rivières se rejoignent, mais ça n’a pas fonctionné», rapporte Dinu Bumbaru.

C’est un marchand prospère, John Richardson, qui a relancé avec succès le projet en 1821. Le canal de Lachine s’étend sur 14 km et compte 7 écluses.

Le canal de Lachine est devenu une voie de navigation importante pour les industries ainsi qu’un moteur de l’industrialisation au Canada. Son déclin a commencé en 1959 lors de l’ouverture de la voie maritime. Il a été fermé en 1970, mais il a rouvert en 2002 pour les plaisanciers.

«On a planté des arbres sur les côtés, a fait remarquer M. Bumbaru. C’est un peu pittoresque puisque ce n’est pas dans l’identité du canal. On aurait mieux fait de valoriser les bords avec les amarrages et les machines.» Un pont ferroviaire et une ancienne grue, qui sont toujours en place le long du canal, évoquent le passé industriel des lieux.

Les constructions aux bords de l’eau

canal Lachine

Puisque le canal de Lachine était une voie de navigation pour les industries, plusieurs s’y sont installées à proximité. Encore aujourd’hui, les bâtiments de l’ancienne Redpath Sugar – qui a failli être démolie – ou de la Canadian Switch & Spring sont toujours en place. Leur vocation a toutefois changé. Le premier abrite maintenant des condominiums, alors que l’autre est devenu une entreprise manufacturière.

«Alors que les usines se construisaient surtout à l’horizontale, les condos se construisent surtout à la verticale», a constaté M. Bumbaru. Il a notamment ciblé les habitations des Bassins du Nouveau Havre, qui seront construites sur d’anciennes jetées. Elles compteront une vingtaine d’étages, ce qui pourrait avoir un impact sur le corridor visuel du canal de Lachine.

Les habitations des Bassins du Nouveau Havre seront érigées sur les anciennes jetées d’un bassin du canal de Lachine qui a été remblayé. Celui-ci sera en partie excavé. «L’idée est de créer une relation intéressante avec l’eau», a dit Dinu Bumbaru.

L’hydroélectricité

canal lachine

En plus des industries, des installations hydroélectriques ont trouvé place le long du canal de Lachine. «On s’est rendu compte que le dénivelé du canal permettait de produire de l’énergie», a expliqué Dinu Bumbaru. Des signes de ce passé sont encore visibles, notamment au coin des rues de
la Montagne et du Séminaire.

Un petit ancêtre d’Hydro-Québec, la Lachine Rapids Hydraulic & Land Company, occupait l’édifice de forme triangulaire. Son enseigne, qui date de 1896, a été gravée dans la brique et elle est toujours visible un siècle plus tard. Le barrage hydroélectrique de la Rapids Hydraulic & Land Compagny se trouvait dans les rapides de Lachine. Il a été aujourd’hui intégré au parc des rapides de Lachine.

Les anciennes rivières

canal Lachine ancienne rivière

Bien avant la construction du canal de Lachine, des rivières coulaient dans le sud de l’île de Montréal avant de se jeter dans le fleuve. Il y avait notamment la rivière Saint-Pierre, qui venait de l’ouest de l’île, ainsi que la rivière Saint-Martin, qui descendait du mont Royal.

Cette dernière alimentait un lac, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel carré Chaboillez, à côté de l’ancien Planétarium Dow. La rivière Saint-Martin rencontrait plus au sud la rivière Saint-Pierre avant de se jeter dans le fleuve Saint-Laurent, près de la pointe à Callière. Comme dans plusieurs villes européennes, ces anciennes rivières ont été canalisées, d’après Dinu Bumbaru. Il a noté que des villes réfléchissent à la possibilité d’exhumer ces cours d’eau.

«Le maire de Paris, Bertrand Delanoe, voulait exhumer d’anciens ruisseaux, a-t-il mentionné. Intellectuellement, c’est intéressant, mais le réseau urbain fonctionne aujourd’hui sur des routes en surface. À Séoul, ils ont enlevé une partie d’autoroute qui était sur une ancienne rivière.»

La programmation des Architectours 2013 d’Héritage Montréal est disponible sur le site de l’organisation.

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