Les cas d’aliénation parentale se font rares
Les cas d’aliénation parentale sont plutôt rares au Centre jeunesse de Montréal.
C’est du moins ce qu’un groupe d’experts du Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire (CJM-IU) avance à la suite d’une réflexion qui a duré près de deux ans. «À force de développer notre propre expertise sur l’aliénation parentale, on s’est rendu compte qu’on n’en avait pas tant que cela, des cas d’aliénation parentale dans nos services», a indiqué la chercheuse du CJM-IU, Claire Malo, qui est aussi professeure associée de l’École de service sociale de l’Université de Montréal.
En se basant sur toute la littérature disponible, le groupe d’experts a établi que dans les situations d’aliénation parentale avérée, un parent dénigre son ancien conjoint en présence de son enfant. Mme Malo a expliqué que si ces cas ne se retrouvent peu ou pas entre les mains des intervenants du CJM-IU, c’est que les enfants des parents aliénants «ne sont apparemment pas souffrants».
«Il y a un endoctrinement de l’enfant par le parent aliénant dans le but qu’il rejette son autre parent, a-t-elle mentionné. Ultimement, l’enfant participera sans ambivalence au rejet du parent aliéné qui se retirera alors de la vie de l’enfant.»
Le CJM-IU doit plus fréquemment gérer des situations où l’enfant est exposé à un conflit sévère entre ses deux parents. Le petit est pris dans un conflit de loyauté qui fait en sorte qu’il est souffrant et qu’il a besoin d’aide.
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Ce sont des intervenants du CJM-IU qui ont réclamé qu’une telle réflexion s’engage parce qu’ils avaient de la difficulté à distinguer les cas d’aliénation parentale avérés de ceux qui ne le sont pas. Le terme d’aliénation parentale est en fait galvaudé tant par les intervenants que par le milieu juridique, a rapporté Claire Malo.
Aussi, depuis les modifications de la Loi sur la protection de la jeunesse, en 2007, les intervenants ont constaté qu’ils sont davantage confrontés à des cas où un enfant est tiraillé entre ses deux parents incapables de s’entendre. C’est que les mauvais traitements psychologiques ont été inscrits à la loi, avec une mention spéciale pour les conflits de couple. Avant cette réforme, ces cas n’étaient pas pris en charge par le CJM-IU, ou s’ils l’étaient, c’était en raison de troubles de comportement et de négligence affective.
Les cas d’aliénation parentale suscitent beaucoup de questionnements, d’après la chercheuse du CJM-IU, puisque les parents aliénants utilisent tous les subterfuges possibles pour que leur démarche soit approuvée par les intervenants, ce qui alourdit la tâche de ces derniers. «Ce sont souvent des parents qui sont très articulés, contrairement à ceux qu’on voit souvent dans les situations de négligence, mentionne Mme Malo. Ce sont des parents qui sont immatures sur le plan affectif, mais très outillés sur le plan intellectuel. Ils ont des contacts. Ils font beaucoup de plaintes contre les intervenants quand ces derniers ne veulent pas prendre position en leur faveur. Ils vont utiliser tous les moyens possibles pour avoir gain de cause.»