L’homme qui plantait des arbres
Le 24 décembre dernier, un grand homme est disparu. Cet artiste – comme nous en avons rarement vus au Québec – avait récolté les honneurs partout sur la planète dont deux Oscars pour ses films Crac ! et L’homme qui plantait des arbres. Samedi dernier, à l’initiative de Radio-Canada et de la Ville de Montréal, un hommage à sa hauteur lui a été rendu dans la magnifique salle de l’Orchestre symphonique de Montréal. Quelque 1400 personnes ont profité des billets gratuits offerts pour l’occasion.
Des amis et des complices ont témoigné et des artistes ont chanté cet homme humble et aimé. Une ovation debout a été réservée à deux de ces prestations: Gilles Vigneault et sa fille interprétant J’ai planté un chêne, ainsi que ma grande amie Laure Waridel, qui a lu une lettre ouverte du défunt, écrite le 22 juin 2013 pour les journaux, mais qui n’avait jamais été publiée. Je me suis dis que je vous la partagerais en guise d’hommage à ce grand écologiste.
Monsieur Harper,
Vous êtes en ce moment dans votre district, face aux conséquences de votre politique qui se moque de tout le travail accompli par les milieux scientifiques et environnementaux pour alerter les gouvernements du Canada et du monde des conséquences catastrophiques engendrés par le réchauffement climatique.
Vous êtes obsédé par l’économie et le succès de vos monstrueux sables bitumineux qui empoisonnent tout le Canada et contribuent de manière significative à la fonte des glaces essentielles à la survie de toutes les espèces depuis les montagnes Rocheuses au Groenland et jusqu’au Pôle nord ! (…)
Faut-il qu’une deuxième mer de Champlain vienne noyer les marches du Parlement à Ottawa pour que vous vous rendiez compte des effets destructeurs de votre politique aveugle et insouciante du futur de la planète et de vos enfants ?
Il vous reste peu de temps pour voir clair et remédier aux effets de vos sinistres décisions militaro-pipelino-économiques à tout prix !
Un «stampede» politique est nécessaire pour réparer ce que vous avez défait (…). Sinon on ne vous citera que comme un responsable funeste de l’Histoire du Canada !
(…)
Frédéric Back
Cinéaste, illustrateur, écologiste
Officier de l’Ordre du Canada
J’ai pleuré quand Laure a lu cette lettre; d’une part par admiration pour un homme qui a su se tenir debout jusqu’à 89 ans et, aussi, parce qu’il avait raison.
Le soir même, j’ai revisionné L’homme qui plantait des arbres, un film émouvant et plein d’espoir. J’ai décidé que j’allais dorénavant regarder ce chef d’œuvre à chaque année… le 24 décembre.