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Une banque alimentaire menacée de disparition

Karina Sanchez - La Voix Pop/TC Média

La banque alimentaire La Maison du Partage d’Youville (LMPY) risque de fermer ses portes d’ici Noël, dû à un déficit budgétaire. Après 30 ans d’existence, l’organisme connaîtra son sort lundi, lors du prochain conseil d’administration. LMPY, qui vient en aide à près de 2000 personnes, dont 54% sont des enfants et des personnes âgées, dessert les résidents des quartiers Pointe-Saint-Charles, Saint-Henri et Petite-Bourgogne.

Bénéficiaire à LMPY, Marc Cantin exprime son désarroi. «C’est simple, si la Maison du Partage disparaît, il ne reste plus d’endroit offrant des aliments à prix abordables. IGA, le marché Atwater, c’est dispendieux. Acheter cinq ou six produits coûte facilement 40$», dit-il.

Ces derniers mois, les recherches de financement pour sauver l’organisme ont été infructueuses. L’instabilité financière de LMPY découle, entre autres, du fort roulement au niveau de la direction. En quatre ans, quatre dirigeantes se sont passé le flambeau.

La directrice générale de l’organisme, Silvie Lavigne, en poste depuis mars, souhaite une tournure différente pour LMPY. «C’est toujours possible que les choses changent», signale-t-elle. Mais compte tenu du sérieux de la situation, Mme Lavigne a entrepris des démarches pour connaître les procédures de dissolution de l’organisme.

Faire une différence
Gabriela Jakubovits, membre du conseil d’administration de LMPY, met de l’avant le service personnalisé que l’organisme a développé depuis ces 30 dernières années. «Nous sommes à l’écoute de nos membres et nous offrons une aide qui va au-delà de la distribution alimentaire», affirme-t-elle. L’organisme a intégré ses membres dans des activités sociales et dans la recherche d’emploi afin de favoriser leur autonomie et leur implication dans la communauté, explique-t-elle.

Marc Cantin apprécie particulièrement l’accueil que LMPY offre à sa clientèle. «On n’est pas juste des numéros, on nous écoute, on connaît nos noms, souligne-t-il. Les personnes qui passent par la Maison du Partage ont du vécu, des responsabilités et pour des raisons inopportunes, ils n’ont plus les mêmes moyens de se nourrir», observe-t-il.

Si LMPY venait à disparaître, un autre organisme pourrait reprendre sa clientèle et poursuivre ses services. «Nous serions prêts à soutenir le personnel d’un organisme qui n’a jamais fait de dépannage alimentaire afin que nos membres ne se retrouvent pas démunis», déclare Mme Jakubovits.

L’organisme offre une palette de choix à ses bénéficiaires, une fois par semaine: pains, produits laitiers, légumes et fruits, de la viande et quelques conserves. «Les gens peuvent choisir, on ne leur impose pas un panier d’aliments rempli de boîtes de conserve», signale Silvie Lavigne. 
LMPY cherche à rejoindre un maximum de personnes en desservant aussi les travailleurs à salaire minimum, les étudiants et en livrant, à l’occasion, de la nourriture chez des personnes à mobilité réduite.

Une communauté affectée
Yamna Akzabar, responsable des opérations à la LMPY depuis plus de 13 ans, s’accroche à l’espoir. «Il reste encore un coin de la maison qui n’est pas tombé. Si seulement on pouvait nous aider à redresser les autres coins, on pourrait continuer à aider nos membres», balbutie-t-elle, émue. Je pense à toutes ces personnes qui viennent ici et à toutes ces coupes à l’aide sociale qui s’en viennent… Comment est-ce que ces personnes vont vivre?»

«C’est un bien triste nouvelle», avoue le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais, à l’effet que «des services essentiels et vitaux» soient menacés. L’appui apporté à LMPY est symbolique. «L’organisme requiert une aide substantielle» auquel l’arrondissement ne peut recourir, déclare-t-il. M. Dorais signale toutefois qu’une demande a été formulée auprès de Monique Vallée, membre du comité exécutif à la Ville, pour qu’un soutien soit apporté à LMPY.

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