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Le Sud-Ouest veut suspendre la démolition du Negro Community Center

Photo: Archives Métro

L’arrondissement du Sud-Ouest connaîtra mardi matin le jugement de la Cour supérieure sur sa demande de suspendre la démolition du Negro Community Center (NCC).

La Cour supérieure avait en effet ordonné vendredi à l’arrondissement d’émettre un permis de démolition au promoteur possédant le NCC, une ancienne église patrimoniale dans le quartier de la Petite-Bourgogne. Si le permis n’était pas délivré dans un délai de 72 heures, le juge Luc Lefebvre autorisait le promoteur à exécuter les travaux de démolition pour ce bâtiment abandonné, dont une partie s’était effondrée en avril dernier.

La compagnie à numéro 9289-5929 Québec inc., qui a acheté le NCC en septembre à un groupe communautaire, avait fait valoir devant le tribunal que «l’intégrité structurale du bâtiment est irrémédiablement compromise et risque de s’effondrer à tout moment», peut-on lire dans le jugement.

Le juge avait déclaré que «le bâtiment est dangereux pour la sécurité des personnes, qu’il a perdu plus de 50% de la valeur qu’il a déjà pu avoir» et que le seul remède était la démolition.

«Il aurait pu y avoir des «pépines» aujourd’hui, mais je ne pouvais pas du tout accepter ça», a lancé le maire de l’arrondissement, Benoît Dorais, qui a déposé une requête lundi pour surseoir à la première décision du juge. La demande ayant été entendue, la démolition est en suspens jusqu’à la décision du juge mardi matin.

L’arrondissement se bat depuis plusieurs mois pour conserver ce bâtiment en raison de sa valeur patrimoniale et estime que la communauté noire dans La Petite-Bourgogne, qui animait autrefois le NCC, fait partie du patrimoine immatériel.

«Le rapport d’ingénieur que nous avions en main signifiait que le bâtiment était sain, donc qu’on pouvait procéder à des réparations», a ajouté M. Dorais qui souhaite «faire valoir ses droits en appel» par la suite.

Mais le jugement indique que les travaux de sécurisation coûteraient au promoteur 150 000$, selon la Ville. «Demander au propriétaire d’assumer seul ces coûts alors que la Ville n’a rien fait depuis 25 ans pour empêcher la dégradation de ce bâtiment apparaît au tribunal comme une demande déraisonnable», indique le jugement.

Le maire de l’arrondissement reconnaît que ces coûts sont élevés, mais estime que le promoteur était au courant de la situation du bâtiment avant son achat et des coûts des travaux qui y seraient associés.

«Le promoteur avait fait une première offre d’achat avec condition d’obtention d’un permis de démolition. On leur a indiqué que c’était non. Leur deuxième offre d’achat était sans condition», rappelle M. Dorais

Les démarches du promoteur auprès de la Cour supérieure se seraient enclenchées après l’achat pour obtenir le permis de démolition.

Selon l’arrondissement, il s’agit de la deuxième fois cette année qu’un tribunal tranche en faveur de la démolition d’un bâtiment dans le Sud-Ouest et les élus craignent une judiciarisation de ces cas. «Les entreprises sont capables d’amener pleins d’experts de toutes sortes en cour, mais ça ne tient pas du tout compte de la volonté des gens de préserver des bâtiments», estime M. Dorais.

Le Negro Community Center était auparavant un centre d’activités pour la communauté noire de Montréal installé dans l’ancienne église. Ses services ont pris fin en 1993. Des squatteurs occupaient les lieux depuis.

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