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La terrasse du restaurant Chez Alexandre fermée

Photo: Yves Provencher/Métro

Le propriétaire du restaurant Chez Alexandre, Alain Creton, a démantelé lundi sa terrasse qui bordait son commerce.

«C’est une décision crève-coeur, a lancé le restaurateur de la rue Peel. Je ne dérangeais personne.»

À tous les ans, depuis 38 ans, des chaises et des tables étaient installées tout juste devant la façade du restaurant Chez Alexandre.

L’arrondissement de Ville-Marie a fait parvenir un avis la semaine dernière à M. Creton pour l’enjoindre de retirer rapidement les tables et les chaises qu’il a disposées devant la façade de son restaurant puisqu’un couloir piétonnier de 1,8 mètre de largeur doit être maintenu en tout temps entre un immeuble et une café terrasse. Cette réglementation découle de la politique d’accessibilité universelle dont la Ville s’est dotée en 2011. Les contre-terrasses, c’est-à-dire les plateformes qui empiètent sur la chaussée, sont ainsi préconisées.

«Le restaurant Chez Alexandre ne possède pas de permis de café-terrasse et son installation n’est pas conforme au cadre normatif. Elle est donc illégale», a mentionné dans un courriel la porte-parole de l’arrondissement de Ville-Marie, Anik de Repentigny.

Lundi matin, des cols bleus ont averti Alain Creton que s’il n’enlevait pas ses tables et ses chaises sur le trottoir, ils reviendraient en après-midi avec des policiers pour libérer l’espace public. Après avoir résisté jusqu’à la dernière minute, le restaurateur a obtempéré en début d’après- midi. Une trentaine de ses employés se retrouve au chômage en raison de la fermeture de la terrasse.

M. Creton souhaitait maintenir sa terrasse le long de la façade de son restaurant pour l’effet parisien que cela donnait, mais aussi pour des raisons de sécurité. L’été dernier, la terrasse de son voisin, Vasco de Gama, qui se trouve en partie sur la chaussée, a été percutée à deux reprises. Le restaurateur a réclamé une dérogation mineure à l’arrondissement pour maintenir sa terrasse sur le trottoir ainsi qu’une étude sur la sécurité des contre-terrasses, mais il n’a pas eu de nouvelles de Ville-Marie.

Le propriétaire du restaurant Chez Alexandre entend maintenant demander un statut particulier pour la rue Peel. Selon lui, si tous les restaurateurs du centre-ville décident d’avoir une contre-terrasse, c’est près de 3000 espaces de stationnements qui y seront perdus.

«C’est une dérive épouvantable, a dit M. Creton. Ça dépasse mon problème de terrasse.»

Le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), un organisme de défense des personnes à mobilité réduite, s’est pour sa part rangé du côté de l’arrondissement. «Pour une fois que la Ville met ses culottes et qu’elle a de la pugnacité, on va l’appuyer», affirmé sa présidente, Linda Gauthier. Elle a expliqué que la terrasse du restaurant Chez Alexandre avait tendance à déborder sur le trottoir au fur et à mesure que des clients s’ajoutaient et que les serveurs tentaient de se faire un chemin. «Il faut qu’il y ait un corridor piéton de 1,8 mètre, mais il ne restait même pas un mètre», a-t-elle fulminé.

Le RAPLIQ a déposé au mois de mars une plainte devant la Commission des droits de la personne pour dénoncer l’inaccessibilité du restaurant Chez Alexandre en raison d’une marche qui empêche les fauteuils roulants d’y entrer. La terrasse qui empêchait les personnes à mobilité réduite de circuler librement sur le trottoir, est aussi dénoncée dans la plainte.

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