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Contrôle des armes: 26 ans après la tuerie de Polytechnique

Le 6 décembre 1989, Marc Lépine a ouvert le feu sur 28 personnes à l’aide d’une carabine semi-automatique avant de s’enlever la vie. Ce jour-là, 14 étudiantes d’une classe de génie mécanique perdaient la vie. TC Media s’est entretenu une survivante Nathalie Provost afin d’évaluer le chemin parcouru en matière de contrôle des armes à feu et des droits des femmes, 26 ans après la tragédie.

Q:Le ministre de la Sécurité publique suppléant, Pierre Moreau, a fait connaître son projet de «Loi sur l’immatriculation des armes à feu » le 3 décembre à l’Assemblée nationale. Est-ce que selon vous, le Québec va dans la bonne direction?

R:Tout-à-fait. Il y a trois piliers dans le contrôle des armes à feu, les permis, la classification et l’enregistrement qui permet de faire lien entre l’arme et son propriétaire. Les trois sont de juridiction fédérale, donc le Québec devait se trouver un rôle et c’est ce qu’il a fait.

La motion a été votée à l’unanimité ce matin. Tous les partis de l’Assemblée nationale sont en faveur de l’enregistrement des armes. C’est une belle démonstration de la vision de la société québécoise en matière de contrôle des armes.

Q:Lors des élections fédérales, l’organisme PolySeSouvient, dont vous êtes la porte-parole, avait indiqué que seuls les libéraux de Justin Trudeau avançaient une plateforme sérieuse en faveur d’un meilleur contrôle des armes. Selon vous, quelles devraient être leurs priorités?

R:Si le gouvernement libéral va dans le sens de ses engagements, c’est-à-dire de corriger les lacunes créées par le gouvernement Harper, les permis et la classification des armes devraient être les premiers sujets à faire l’objet de discussion.

Le projet de loi, qui a aboli le registre des armes d’épaules, n’oblige plus les vendeurs à demander le permis aux clients lors de l’achat d’une arme. J’espère que cette obligation va redevenir active.

Q:Selon le site Shooting Tracker, il y aurait eu 353 fusillades en 2015 aux États-Unis. Pourquoi avons-nous moins de tueries au Canada?

R:La culture américaine est différente de la nôtre, nous ne sommes pas une société qui pense qu’une arme est un moyen de se défendre. Aux États-Unis, les gens en détresse croient que l’usage d’une arme est une solution à leur problème. Une mentalité, dont les Américains paient le prix en ce moment.

Mais nous ne sommes pas à l’abri des lobbyistes pro-armes au Québec. Ils ont déjà fait de la désinformation en indiquant que la création de notre registre coûterait des milliards de dollars aux Québécois. Pourtant, le premier ministre Philippe Couillard évalue les coûts entre 15 à 20 millions de dollars.

Q:Croyez-vous que les droits des femmes ont suffisamment évolué depuis 1989?

R:Entre l’idéalisme de mes 20 ans et aujourd’hui, je dirais que j’ai eu de grandes désillusions. Les femmes au Québec prennent davantage leur place, mais j’ai aussi découvert que c’est une lutte constante et qu’aucun acquis n’est permanent.
Il y encore des juges qui peuvent tenir des propos rétrogrades face aux femmes victimes de viol. L’équité salariale n’est pas atteinte partout. Les femmes sont toujours les victimes lors de grandes guerres. Les femmes autochtones canadiennes ne sont pas encore soutenues adéquatement. Et nous sommes en 2015.

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