«Bavure policière» à Montréal-Nord selon des témoins
L’individu touché hier par balle lors d’une opération policière à Montréal-Nord n’aurait eu aucune arme à la main et n’aurait présenté aucun danger pour l’intégrité physique des forces de l’ordre, selon plusieurs témoins de la scène.
L’intervention du Groupe d’intervention tactique (GTI), qui s’est déroulé jeudi vers 16h, sur la rue Arthur-Chevrier, aurait mal tourné selon des résidents avoisinants. Rappelons que cette opération visait un groupe criminel impliqué dans la vente de stupéfiants et a conduit à l’arrestation d’une dizaine d’individus, dont Dany Villanueva, interpellé quant à lui à Repentigny.
«Les policiers ont d’abord lancé du gaz lacrymogène dans l’appartement. Lorsqu’il (la personne touchée par balle) a vu les policiers entrer chez lui, il est allé devant le balcon, a fait demi-tour, puis il a sauté par une fenêtre ouverte pour s’enfuir. Deux policiers, postés devant la rue, en face de la fenêtre, lui ont tiré ici», explique Jayjay, en se montrant l’épaule droite, qui affirme avoir assisté à la totalité de l’intervention sur le trottoir d’en face.
«Il n’était pas armé. Jamais», poursuit ce témoin âgé de 21 ans.
Un homme non armé ?
Une version confirmée par Vanessa, une voisine qui a assisté à la scène depuis son balcon, de l’autre côté de la rue. «Les policiers ont tiré lorsque l’homme sautait. Deux policiers l’entouraient avant l’arrivée de l’ambulance quelques minutes plus tard», assure-t-elle.
Loulou, 19 ans, qui ne souhaite pas donner son nom complet, a également vu l’intervention.
«Les policiers ont poussé les personnes à se mettre devant la fenêtre. Mais l’une d’elles a voulu se sauver et ça n’a pas marché. On l’entendait crier avant de sauter, il disait: « Fuck you » et d’autres noms aux policiers avant de sauter. Puis il saignait beaucoup, ne bougeait plus.»
Le GTI aurait tenté de parler à l’individu avant d’ouvrir le feu.
«Les policiers lui ont dit: « Arrêtez » et ils ont tiré au moins trois balles, assure Jayjay. L’homme, à terre, a ensuite fait un mouvement pour chercher la douleur, puis il n’a plus bougé.»
D’autres mots auraient été prononcés: «Restez-là, bougez pas», précise Loulou qui affirme que la victime, toujours dans un état critique, a ensuite été touché à la tête lors de sa chute sur une dalle.
«Le gars était correct, il voulait juste se sauver. Les policiers ont tiré pour rien. C’est frustrant. Je ne pense pas qu’il présentait une menace», développe cette témoin.
«Tirer n’était pas utile, clame Jayjay. Le gars n’était pas armé, n’avait rien sur lui. Lorsqu’il était à terre, les policiers l’ont fouillé et n’ont rien pris.»
Des dealers connus du quartier
Une autre voisine, résidente de l’immeuble visé au 6330 rue Arthur-Chevrier, absente cependant lors de l’intervention, affirme que l’immeuble n’a pas été évacué avant cette intervention et décrit les personnes interpellées.
«Ma mère, cardiaque, était à l’intérieur. Elle a tout entendu. Moi, je connaissais bien ces personnes. Ce ne sont pas des gens très fréquentables. C’était des trafiquants. Des jeunes venaient tous les jours, par la cour arrière, pour acheter de la drogue. Ils dealaient tout le temps, toutes sortes de drogues. Tout l’immeuble le savait.»
Contacté, le SPVM n’avait aucune information précise à communiquer. Le ministère de la Sécurité publique a ordonné une enquête indépendante qui va être menée par la Sûreté du Québec.