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Prison Leclerc: une coalition réclame des enquêtes indépendantes aux partis fédéraux

Sur les 175 femmes détenues à la prison Leclerc, environ 60% d’entre elles y sont pour des crimes mineurs. Photo: Marie-Ève Shaffer/Métro

La prison Leclerc, à Laval, doit faire l’objet d’enquêtes indépendantes, plaide la Coalition d’action et de surveillance sur l’incarcération des femmes au Québec (CASFIQ). Les conditions de détention «continuant de se détériorer», le groupe demande à tous les partis fédéraux de s’y engager, en pleine campagne électorale.

«En clair, on demande que le protocole de la Convention contre la torture de l’ONU soit signé par le Canada, ce qui nous permettrait de diriger une mission d’observation indépendante», explique à Métro la responsable aux communications de la Ligue des droits et libertés (LDL), Elisabeth Dupuis.

Peu importe qui sera élu le 21 octobre prochain, la signature du traité lors du prochain mandat fédéral doit devenir une priorité et faire l’objet d’engagements formels «de tous les partis», soutient son regroupement.

Violation «systématique» des droits

La CASFIQ dénonce depuis trois ans les conditions de détention des femmes à la prison Leclerc, ainsi que la «violation systématique de leurs droits fondamentaux».

La tenue d’une enquête indépendante serait «obstinément refusée» par le ministère de la Sécurité publique du Québec depuis 2015, plaide la professeure en sciences juridiques de l’UQAM et membre de la LDL, Lucie Lemonde.

«Devant le déni du ministère envers les conditions de détention dégradantes au Leclerc, nous nous tournons maintenant vers les partis susceptibles de former le prochain gouvernement à Ottawa afin de forcer le gouvernement québécois à agir.» -Lucie Lemonde

La signature de la Convention contre la torture «forcerait» Québec à modifier la loi et à permettre des visites d’inspecteurs ou d’élus au centre de détention. Plusieurs pays occidentaux, dont la France, ont déjà signé ce traité, mais le Canada ne l’a pas encore fait. Le dernier signataire, en date de 2019, est l’Afrique du Sud.

Une détenue témoigne

En entrevue à Métro, une femme actuellement détenue à la prison Leclerc, Louise Henry, critique aussi vivement les conditions dans lesquelles elle doit vivre.

«C’est tellement dégueulasse et dans un état de vétusté si élevé. C’est lamentable, et plus ça va, plus c’est pire», confie-t-elle.

La femme dans la cinquantaine déplore que rien n’a «vraiment changé» depuis que le gouvernement de Stephen Harper fermé la prison Leclerc, en septembre 2013, pour cause d’insalubrité, entre autres. À l’époque, le centre de détention n’accueillait que des hommes.

«Pourquoi sortir les hommes pour ensuite nous mettre, nous les femmes, dans les mêmes conditions? Déjà là, on considère que nos droits en tant que femmes sont minimisés, entachés.» -Louise Henry

En plus de la moisissure et des conduites d’eau «gagnées par les vers blancs», des vermines auraient élu domicile dans le compresseur du frigidaire de la salle commune des détenues. Une «puanteur atroce» règnerait presque au quotidien pour cette raison, d’après la détenue.

Malgré toutes ces dégradations «très remarquées» depuis environ un an et demi, rien n’est fait pour améliorer la situation selon Mme Henry.

«On se fait promettre ci et ça, mais rien ne bouge vraiment, condamne-t-elle. Au contraire, ça s’empire et on le laisser aller.»

Sur les 175 femmes détenues à la prison Leclerc, environ 60% d’entre elles y sont pour des crimes mineurs. Entre 5 et 8% y sont pour des «délits graves». D’autres y sont également placées par manque de place dans des institutions psychiatriques.

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