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Thomas Mulcair panéliste à une conférence faisant la promotion de l’homéopathie

La consommation de produits homéopathiques est critiquée depuis plusieurs années. Photo: iStock

L’ex-ministre québécois et ex-chef du Nouveau parti démocratique (NPD) Thomas Mulcair participera, mardi, à un panel sur les valeurs de l’homéopathie. La participation de M. Mulcair à cet événement fait sourciller un expert, qui rappelle que l’homéopathie n’a rien de scientifique.

Le Laboratoire Boiron – une entreprise dont le modèle d’entreprise s’appuie sur les traitements homéopathiques – organise mardi un panel qui vise à «reconnaître la légitimité» de cette pratique controversée. M. Mulcair y sera présent en tant que «parrain» du projet.

«Qu’est-ce que M. Mulcair fait là?» demande d’emblée le professeur Serge Larivée, spécialiste de l’analyse des pseudosciences à l’Université de Montréal (UdeM).

L’homéopathie est basée sur la théorie qu’un produit nocif en grandes quantités peut guérir s’il est pris en petites quantités. Plusieurs enquêtes et études ont toutefois démontré que l’homéopathie prône la dilution importante de ces molécules dangereuses, au point où elles deviennent inefficaces, voire inexistantes.

La consommation de produits homéopathiques est critiquée depuis plusieurs années. En 2014, une vaste étude australienne a conclu qu’il n’y avait «aucune preuve fiable que l’homéopathie soit efficace».

«Toutes les recherches qui ont été faites pour démontrer l’efficacité de ces pratiques ont échoué», mentionne M. Larivée dans un entretien téléphonique.

Selon lui, l’homéopathie n’a rien de différent qu’un effet placebo. «Si on convainc les gens de ne pas utiliser de vrais médicaments, il est évident que c’est une faute éthique», indique l’expert qui enseigne au Département de psychoéducation de l’UdeM.

Dangereuse?

En 2017, le Conseil scientifique des académies des sciences européennes (EASAC) concluait que l’homéopathie «pourrait causer des maux significatifs aux patients».

Olivier Bernard, aussi connu sous le nom de «Pharmachien», dénonce depuis des années la prolifération de ces produits. «Si on néglige d’obtenir de vrais soins parce qu’on fait confiance à un produit homéopathique, c’est extrêmement dangereux», écrit-il sur son site Web.

Selon Serge Larivée, les acteurs qui se disent favorables à l’homéopathie le font pour «faire de l’argent». «Le principe même des gens qui font des fausses sciences, c’est de semer les doutes. C’est une stratégie qui marche bien», soutient le spécialiste.

Mulcair se défend

Contacté par Métro, Thomas Mulcair a souhaité expliquer pourquoi il consomme et encourage les produits homéopathiques.

«J’ai été médusé dans les dernières années de voir les attaques en série contre l’homéopathie», avance-t-il.

L’ex-politicien doute d’ailleurs de la validité de l’étude australienne qui a déconstruit l’homéopathie en 2014. «Les résultats ont été occultés. […] Il y a au-delà de 150 études cliniques qui démontrent qu’il y a une efficacité», lance-t-il.

Une réponse prévisible, croit Serge Larivée. «En science, un fait n’existe pas tant que la preuve n’a pas été reproduite. Avec l’homéopathie, on n’a rien pu reproduire sauf la non-efficacité [de la pratique]», explique-t-il.

M. Mulcair, lui, favorise la «médecine intégrative».

«Personne n’est en train de dire que si un produit homéopathique fonctionne très bien pour les symptômes de la grippe, il ne faut pas prendre de vaccin contre la grippe. Je fais les deux», soutient l’ex-chef néo-démocrate.

Sauf que M. Larivée invite les patients à ne pas écouter cette prise de position. «M. Mulcair n’est pas un spécialiste de l’homéopathie, de la science, de la pharmacie. Si on m’interroge sur la physique quantique, je ne peux pas me prononcer parce que je ne suis pas spécialiste de la physique quantique», résume-t-il.

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