Il faut un nouveau DPCP, et au plus vite, lancent des procureurs
Laissé vacant depuis le départ à la retraite d’Annick Murphy, le mois dernier, le siège du directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) doit être rempli au plus vite, argue une association de procureurs. C’est que le successeur intérimaire de Me Murphy «a pour volonté de ne traiter aucun dossier d’importance».
Le 2 février, Me Vincent Martinbeault prenait la place de Me Murphy à la tête du DPCP, le temps que l’Assemblée nationale mandate un nouveau directeur à temps plein.
Or, voilà presque deux mois que Me Martinbeault siège de manière intérimaire à la tête de l’organisme. L’Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales (APPCP) s’inquiète de ce qu’elle qualifie de mutisme.
«Me Martinbeault a pour volonté de ne traiter aucun dossier d’importance avant que son ou sa successeur(e) ne soit désigné(e) et refuse même d’en discuter avec les procureurs», s’indigne l’APPCP dans un communiqué de presse diffusé lundi.
Le président de l’Association, Guillaume Michaud, évoque des «problèmes internes sérieux» chez les procureurs du système judiciaire québécois. La pandémie exacerbe notamment des enjeux de détresse psychologique déjà constatés avant mars 2020, ajoute-t-il.
«L’association craint que cette inertie [de Me Martinbeault] ne vienne exacerber des problèmes déjà criants, notamment la détresse psychologique des procureurs et le manque important de ressources.» – extrait du communiqué de presse de l’APPCP
Me Michaud dénonce la réaction de l’actuel DPCP, surtout que l’intérim «pourrait durer 18 mois».
«On ne nous écoute pas, déplore-t-il. On nous demande de rencontrer les victimes et, des fois, on n’est même pas capable de le faire. Ça a un impact sur les victimes.»
À quand une nouvelle direction?
Lundi, Me Michaud envoyait une lettre aux 125 députés de l’Assemblée nationale pour les exhorter à nommer au plus vite un nouveau représentant pour le DPCP.
La Loi sur le Directeur des poursuites criminelles et pénales établit que la personne qui prend la tête du DPCP doit être choisie par le premier ministre, puis votée aux deux tiers du Parlement. C’est donc dire que la Coalition avenir Québec aura besoin de l’appui d’au moins un parti d’opposition une fois qu’une candidature aura été sélectionnée.
En novembre dernier, pour des raisons qu’elle dit familiales, Me Annick Murphy annonçait de façon précipitée qu’elle prenait sa retraite. Son mandat amorcé en 2015 a notamment été marqué par son rôle dans la suspension du directeur général de la Sûreté du Québec (SQ), Martin Prud’homme.
Me Murphy accuse le haut-placé de la SQ d’avoir tenu des propos inappropriés dans un appel téléphonique avec elle, en 2017. Cette conversation, qui était d’abord passée sous le radar du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), n’a mené à aucune accusation criminelle. Un audit du Secrétariat aux emplois supérieurs a toutefois conclu que l’appel, dont le contenu reste inconnu, est contrevenu à la déontologie policière.