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Manifestation à Kanesatake contre le développement immobilier

Manifestation à Kanesatake
Près d'une centaine de personnes ont manifesté à Kanesatake le 22 mai. Photo: Gracieuseté

Forêt de pins blancs et d’épinettes qui fut le théâtre de la Crise d’Oka, en 1990, «la pinède» a été le théâtre d’une manifestation, samedi matin. Près d’une centaine de militants autochtones et de groupes alliés ont manifesté leur opposition au développement immobilier qui serait prévu pour une partie de ce territoire considéré comme sacré par la communauté mohawk.

À bord de véhicules, les militants autochtones se sont rendus dans un quartier résidentiel d’Oka qui jouxte la pinède afin de faire entendre leurs revendications.

Ces derniers veulent un moratoire sur les nouveaux développements immobiliers dans la zone. Ils souhaitent également que le gouvernement traditionnel, dit de la Maison longue, qui remet partiellement en question la légitimité du Conseil de bande de Kanesatake, puisse prendre part aux négociations territoriales.

«Témoignons de la solidarité qui s’affiche aujourd’hui. Nous ne tolérerons pas que l’on prenne des terres sans nous demander notre avis, indique Ellen Gabriel, porte-parole de la Défense des terres de Kanehsatà:ke. La municipalité d’Oka, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral doivent s’asseoir avec les traditionalistes et obtenir un consentement libre, préalable et éclairé avant de prendre des décisions qui seront vécues par bien des générations.»

De son côté, Alan Harrington, un co-organisateur de la manifestation de Kanesatake, s’inquiète «qu’avec chaque nouveau développement immobilier, la justice devient plus difficile.»

«Tellement de terres ont été prises, que nous sommes chassés de nos territoires. Où irons-nous et quel sera notre avenir dans sept générations ?»

Mme Gabriel martèle que les Kanien’kehà:ka habitent le territoire d’Oka depuis «la nuit des temps».

«Et pourtant, le gouvernement persiste dans son déni, et les nouveaux développements immobiliers se poursuivent comme si nous n’étions pas là. C’est une question d’autonomie. Le gouvernement est-il prêt à respecter nos droits ?», demande-t-elle.

La pinède, site patrimonial

Rappelons que la municipalité d’Oka a, l’an dernier, octroyé à la forêt de la pinède d’Oka le statut de «site patrimonial municipal».

Mme Gabriel avait alors réagi en affirmant que ce n’était pas à la municipalité de décider si le site est patrimonial ou non. «Ce n’est pas de leurs affaires», avait-elle souligné.

De son côté, le maire d’Oka, Pascal Quevillon, avait soutenu que la municipalité d’Oka voulait atténuer les tensions en protégeant la pinède.

«En 1990, la municipalité voulait développer la pinède en construisant des condos. Là, on la protège et [les Mohawks] ne sont pas encore contents», avait-il affirmé en entrevue à Métro.

Ellen Gabriel avait insisté pour dire que cet acte est seulement «la continuation d’une longue série d’agressions racistes et de viol délibéré de nos droits par la municipalité».

«Don écologique»

Possédant une partie du territoire de la pinède, le promoteur Grégoire Gollin a notamment comme projet d’effectuer un «don écologique», soit de restituer 70 hectares du territoire à la communauté mohawk.

Il aurait pour ce faire signé une entente avec le Conseil de bande mohawk. Environnement Canada aurait approuvé le projet qui ferait du site une Aire protégée de conservation autochtone. En échange de ce «don écologique», M. Gollin profiterait de réductions d’impôts.

M. Gollin aurait également offert de vendre au gouvernement fédéral des terrains vacants d’une superficie totale de 150 hectares pour qu’Ottawa puisse en remettre la propriété aux Mohawks.

La décision du conseil municipal d’Oka de re-zoner la pinède pour en faire un site patrimonial municipal l’an dernier l’empêcherait toutefois d’aller de l’avant avec un développement résidentiel en bordure de son projet de «don écologique».

Dans une lettre ouverte publiée dans le journal L’Éveil, au début du mois de mai, le promoteur avance que la municipalité d’Oka, en raison de sa décision, s’expose notamment à des conséquences financières.

«Selon la Loi, peu importe le motif, la bonne ou mauvaise foi, lorsqu’une municipalité retire toute valeur commerciale à un terrain privé sans vouloir le compenser, elle s’expose à une poursuite pour expropriation déguisée», explique-t-il.

Le maire d’Oka, Pascal Quevillon dit ne pas être préoccupé par l’éventualité d’une poursuite.

«Si M. Gollin nous envoie une poursuite, c’est sûr qu’on n’engagera pas de frais d’avocats. On va changer le zonage et mettre ça résidentiel. Mais je lui souhaite bonne chance pour développer ces terres-là. C’est comme un chien qui court un peu après sa queue. Il cherche à soutirer de l’argent des citoyens d’Oka parce qu’il sait très bien qu’il ne peut développer ces terrains. Même en zonage résidentiel, il ne pourra jamais développer ça», soutient-il.

Samedi matin, les militants autochtones étaient appuyés dans leurs revendications par des militants pro-palestiniens et écologiques.

 

 

 

 

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