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175 ans de célébrations entre fierté… et chicanes

En 175 ans, la fête nationale n’a pas été épargnée par la controverse. Voici un petit aperçu des grandes dates qui ont marqué la Saint-Jean au Québec. Àcôté de ces événements, certains diront que la chicane de cette année, qui portait sur la participation de deux groupes anglophones à la fête, c’est de la petite bière! À propos de bière, Métro vous souhaite bonne fête. Tchin-tchin!

Traditionnellement, le 24 juin coïncidait avec les fêtes agricoles suivant, à quelques jours près, le solstice d’été. La date a ensuite été récupérée par l’Église au Moyen-Âge.

C’est Ludger Duvernay qui est à l’origine, en 1834, de ce qui va devenir la fête nationale du Québec. Au début, il s’agissait d’une petite fête entre Canadiens français soucieux de préserver leur culture et leur langue. (image banquet, 1834)
 
«T’es-tu un saint Jean Baptiste?»
«À l’époque, quand on te demandait « T’es-tu un Jean Baptiste? » c’était pour savoir si tu étais un Canadien français», explique Marcel Tessier, historien et commentateur de la parade pour Radio-Canada. Dès 1837-1838, avec la rébellion des Patriotes, la fête prend de l’ampleur, puis elle est interdite par les autorités une fois la révolte écrasée.

Après plusieurs années d’interdiction, la fête nationale reprend, et on voit apparaître les premiers défilés. Mais en 1848, c’est de nouveau l’esclandre : le peuple défile avec le drapeau que Louis-Joseph Montcalm avait brandi lors de sa victoire contre les Anglais à Carillon. Scandale. «À l’époque, on décorait plutôt les maisons en jaune, avec le drapeau papal. La fête nationale avait vraiment un caractère pieux», rappelle M. Tessier.

Des chars religieux
Dans les années 1870, les premiers chars allégoriques font leur apparition. «Mais il n’était pas question de géants. Les processions étaient très nettement religieuses», raconte David Bureau, du Centre d’histoire de Montréal. En 1879, le char des bouchers provoque la réprobation du public, car on y tue et dépèce des veaux et des moutons.

En 1878, l’Association Saint-Jean-Baptiste adopte un air national pour les Canadiens français : À la claire fontaine… Ce n’est que deux ans plus tard que l’hymne Ô Canada est écrit en français, avant d’être «maraudé» cent ans plus tard pour devenir l’hymne officiel du Canada.

Le pape Pie X fait de saint Jean le Baptiste, alors saint protecteur des bergers, le patron spécifique des Canadiens français en 1908. Par la suite, malgré  les deux guerres mondiales et la crise économique, les célébrations sont maintenues. Leur envergure est moindre, mais ça n’empêche pas d’y inviter les anglophones! (photo programme, 1939)

Question politique
Au cours de la Révolution tranquille, les célébrations de la fête nationale prennent des allures plus politiques. En 1968, le premier ministre canadien nouvellement élu, Pierre Elliott Trudeau, se fait lancer divers objets par une foule hostile. Bilan : 126 blessés et 292 arrestations. On interdit à la télévision de retransmettre des images de l’émeute.

Le soir même, un journaliste français de Radio-Canada, Claude-Jean de Virieux, rapporte les faits et dénonce la brutalité policière. «Il s’est fait mettre dehors le lendemain et n’a plus jamais fait de journalisme par la suite», se souvient Marcel Tessier.

«L’année suivante, une petite icône de saint Jean Baptiste est détruite pendant le défilé, qui est aussitôt interrompu», ajoute M. Bureau. On ne reverra pratiquement plus jamais d’enfants blonds et frisés portant un agneau dans un défilé par la suite. En 1970, c’est le Front de libération du Québec qui fait des siennes, et les célébrations sont de nouveau annulées.

En 1975, pour la première fois, sur le mont Royal et devant 500 000 personnes, Gilles Vigneault entonne Gens du pays. La chanson deviendra par la suite la chanson phare de toute bonne célébration de la fête nationale. 

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