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Philippe Couillard: «Nous ne laisserons pas aller les pouvoirs de Québec»

Photo: Ryan Remiorz/La Presse canadienne

daphneehacker - Métro

31 mars 2014 à 6h00 - Mis à jour 4 avril 2014 à 10h41 6 minutes de lecture

Si Philippe Couillard se dit prêt à donner à Montréal de nouveaux pouvoirs, il n’est toutefois pas question que des compétences de Québec se retrouvent sous le giron municipal. Métro s’est entretenu avec le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), qui amorce sa dernière semaine de campagne électorale.

Si vous êtes élu, vous êtes prêt à accorder un nouveau statut juridique à Montréal?
Oui, je suis convaincu qu’il est temps d’avoir une nouvelle charte des municipalités qui reconnaisse que les villes représentent un palier de gouvernement et non pas des créatures de Québec. Je veux proposer pour Montréal une loi semblable à celle de Toronto, pour qu’elle ait plus d’autonomie et puisse prendre plus de décisions. Après tout, c’est dans les villes que les programmes provinciaux et fédéraux finissent toujours par être appliqués.

D’ailleurs, le maire de Montréal, Denis Coderre, souhaite obtenir davantage de pouvoirs en matière d’immigration, de sécurité et de transport. Qu’en dites-vous?
Attention, nous ne laisserons pas aller tous les pouvoirs de Québec non plus, il faut quand même être raisonnable! Cela dit, il est certain que je veux revoir le pacte fiscal avec les villes pour les aider à revoir leurs sources de financement, afin qu’elles dépendent moins de l’impôt foncier.

M. Coderre s’est allié au maire de Québec, Régis Labeaume, pour revendiquer un nouveau pacte métropole-capitale. Que pensez-vous de ce tandem?
J’admire beaucoup cette collaboration, et ça marche! C’est super de voir ce duo créer une forte solidarité entre les grandes villes et les régions.

M. Coderre fait aussi front commun avec les maires de Laval et de Longueuil contre le péage que compte imposer Ottawa sur le futur pont Champlain. Allez-vous les appuyer?
Bien sûr. Je trouve aussi que c’est une mauvaise idée. C’est un remplacement de pont, ce n’est pas une nouvelle structure comme le pont de l’autoroute 25, où c’est justifié de faire payer les utilisateurs. Un péage sur Champlain va déséquilibrer gravement toute la circulation. J’aurai l’occasion de transmettre ce point de vue à Ottawa.

Est-ce vrai que vous êtes intéressé à mettre en place un système de traversier régulier entre Longueuil et le Vieux-Port de Montréal?
Oui, ce projet de navette (avec des passagers seulement) est déjà à l’étude et mérite d’être considéré. Surtout si on tient compte du fait qu’il y aura, dans les prochaines années, de grands travaux pour la construction du nouveau pont Champlain qui vont accentuer la congestion automobile.

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Dans le Vieux-Montréal, le maire Coderre et le chef de l’opposition, Richard Bergeron, veulent recouvrir l’autoroute Ville-Marie d’ici 2017. Les aiderez-vous?
Mon intention est de faire du recouvrement de Ville-Marie et du développement du quartier de la santé mon projet personnel. Contrairement à ce que disent mes adversaires, je ne le ferai pas à n’importe quel coût; je veux une évaluation rigoureuse du budget. Mais un tel développement va avoir un effet de levier considérable sur l’investissement privé, et les Montréalais vont en sortir gagnants.

De nombreux Montréalais ont fortement rejeté la charte des valeurs proposée par le Parti québécois (PQ). Quelle alternative offrez-vous?
Je propose d’inclure la neutralité de l’État dans la Charte des droits et libertés et d’assurer un encadrement des accommodements raisonnables, en exigeant entre autres [que les employés des services publics aient le] visage découvert. Pour les policiers et les autres figures d’autorité, nous n’avons encore jamais vu de problèmes avec des signes religieux, donc pas besoin de suspendre des libertés individuelles pour l’instant.

Plusieurs analystes disent que votre position sur la charte n’est pas claire.

Si on prend la peine de l’examiner, elle est claire; je veux éviter de créer la division et éviter le renvoi d’employés municipaux ou du service public, que ce soit en santé ou en éducation. Je vais légiférer de façon à faire consensus.

Si vous tenez autant au consensus, pourquoi vous n’êtes-pas arrivé à garder la députée Fatima Houda-Pepin dans votre parti?

Je le répèterais tant qu’il le faut, c’est elle qui a décidé de quitter le caucus. Tout le monde lui à demander de rester et de s’entendre, y compris moi. Il faut remettre la vérité là où elle se trouve.

Si le PLQ reprend le pouvoir, allez-vous rouvrir le débat sur les droits de scolarité?
Non, non. Nous sommes satisfaits de l’indexation des droits de scolarité chaque année, qu’a proposée le PQ. Toutefois, il faut se pencher sur la question des étudiants étrangers. Ils peuvent représenter des gains monétaires importants pour diversifier le financement des universités.

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En rafale

Un mot pour décrire le nouveau maire Denis Coderre? Dynamo.
Qu’est-ce que vous aimez des campagnes électorales? Rencontrer les gens.
Votre plat préféré en campagne? Lorsque je tombe sur un bon filet de saumon, je suis content!
Quel livre lisez-vous en campagne? Je suis en train de lire l’histoire du siège de Paris en 1870. C’est pointu, mais je suis un passionné d’histoire.
Quel est votre rituel pour tenir le coup en campagne? Chaque matin, je remets le compteur à zéro. Pour moi, ce n’est pas une campagne de 33 jours, mais 33 campagnes d’une journée.
Votre mentor? Je passe presque toutes mes journées avec Jean-Marc Fournier, qui a un excellent jugement politique et qui est aussi un grand ami.

Cette semaine
Métro présente cette semaine une entrevue par jour avec les chefs des principaux partis de cette campagne électorale provinciale.