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Le Québec ne tire aucun profit des sables bitumineux

La multiplication des projets d’oléoducs transportant du pétrole provenant des sables bitumineux sur le territoire du Québec ne profitera pas à son économie, dévoile une étude rendue publique lundi.

L’étude, produite par le groupe d’économistes Goodman, a été commandée par les organismes Équiterre et Greenpeace. «On sentait le besoin de mettre les pendules à l’heure», a déclaré Steven Guilbeault, porte-parole d’Équiterre, qui a tenu à préciser que les chercheurs ont travaillé en toute indépendance.

M. Guilbeault a expliqué que le document de 65 pages se veut une réplique aux principaux «mythes» véhiculés par l’industrie du pétrole, qui fait valoir que les projets de pipelines participent à la création d’emplois et au développement économique du Québec. Le rapport établit notamment que le secteur du pétrole contribue à moins de 0,50% de l’ensemble de l’économie du Québec, et ne créer que 0,30% de tous les emplois de la province. «Les avantages économiques sont minimes, tandis que les impacts néfastes sur l’environnement – surtout en cas de déversement – sont énormes», souligne M. Guilbeault.

À l’heure actuelle, deux principaux projets de pipelines sont appelés à se développer au Québec. L’inversion de la canalisation 9b d’Enbridge, approuvée par Ottawa en mars, permettra d’acheminer du pétrole des sables bitumineux jusqu’à la raffinerie de l’est de Montréal. Le projet Énergie Est de TransCanada, encore à l’étude, prévoit la création d’un oléoduc traversant le pays de l’Ouest canadien jusqu’au Nouveau-Brunswick.

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Les chercheurs de Goodman avancent que même si le deux projets pétroliers se concrétisent, leur apport en terme d’emplois ou de profits restera très minime. «L’industrie favorise les oléoducs, car ils ne requièrent que très peu de main-d’œuvre», déplore Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace. Ce dernier rappelle que chaque dollar investi dans les oléoducs crée deux fois moins d’emplois que dans le secteur des énergies vertes.

«Nous n’avons jamais dit que notre projet créera plus d’emplois», rétorque Éric Prud’homme, chef des affaires publiques pour Enbridge au Canada. Selon lui, l’apport des projets de pipelines réside dans le fait de pouvoir approvisionner le Québec d’un produit pétrolier «d’ici», plutôt que de «payer très cher» pour des produits venus de l’étranger. «Les études prouvent que ça va prendre au moins 20 ans pour s’affranchir du pétrole. En attendant, ça reste un besoin vital», dit-il, ajoutant du même souffle que rien n’empêche de développer en parallèle d’autres énergies, dont l’énergie solaire et l’éolien.


Emplois liés au pétrole

  • 1100*: nombre d’emplois actuellement créés par l’industrie du pétrole au Québec.
  • 6100: nombre d’emplois créés à court terme (entre 2 à 6 ans) durant des phases de construction des pipelines.
  • 1300: nombre total d’emplois créés après la complétion des pipelines, une différence d’environ 200 emplois avec le statu quo.

* Les chiffres sont approximatifs et basés sur les calculs des économistes du Goodman Group

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