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Le gouvernement rejette une invitation à discuter

Alexandre Robillard - La Presse Canadienne

QUÉBEC – Le gouvernement a rejeté une nouvelle invitation à négocier avec les associations étudiantes, jeudi, après avoir accusé l’une d’entre elles d’inciter à la violence.

La Fédération étudiante universitaire de Québec (FEUQ) avait proposé de céder deux de ses quatre places à la table de négociation à la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

Mais le cabinet de la ministre de l’Éducation Line Beauchamp a rejeté cette offre, après avoir exclu mercredi la CLASSE de la négociation, en raison d’une manifestation qui a mal tourné à Montréal en début de semaine.

L’attachée de presse de la ministre, Hélène Sauvageau, a expliqué jeudi qu’il est hors de question que deux représentants de la CLASSE intègrent la délégation de la FEUQ.

Selon Mme Sauvageau, compte tenu de l’exclusion décrétée mercredi, il ne serait pas logique d’admettre des représentants de la CLASSE, dont les positions sur les débordements sont jugées trop ambiguës au gouvernement.

«On ne peut pas avoir indirectement ce qu’on ne peut pas avoir directement», a-t-elle dit lors d’une entrevue téléphonique.

La présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, a déclaré qu’elle était choquée par ce refus, qui survient au terme d’une semaine mouvementée.

«On est un peu choqués de voir qu’on rejette du revers de la main une solution de sortie de crise», a-t-elle dit lors d’une entrevue téléphonique.

Selon Mme Desjardins, sans négociations en présence de la CLASSE, qui représente 40 pour cent des étudiants en grève, la crise ne fera que s’amplifier.

Plus tôt, le premier ministre Jean Charest et Mme Beauchamp avait signifié l’intention du gouvernement de rétablir les ponts avec la FEUQ et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), qui ont suspendu les discussions depuis l’exclusion de la CLASSE.

Lors d’une conférence de presse, Mme Desjardins avait rapidement répondu que son association acceptait l’offre, mais que sa délégation serait composée de deux membres de la CLASSE.

Présent avec elle, le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, a pour sa part avancé que la participation de toutes les associations étudiantes est nécessaire.

«Nous, ce qu’on pense, c’est que pour orchestrer une sortie de crise qui est intelligente, il faut que l’ensemble des associations étudiantes soient présentes», a-t-il dit.

Exaspérée de voir le processus piétiner, Mme Desjardins a déclaré qu’elle avait l’impression de revivre «le jour de la marmotte».

«Pour nous, le fait de voir finalement les manifestations dégénérer, c’est lié directement aux conditions dans lesquelles on se situe actuellement, le fait que la ministre ait tardé à appeler les gens à la table de discussions et donc il est temps que ça cesse», a-t-elle dit.

Alors qu’une nouvelle manifestation suivant cette décision s’est soldée par 85 arrestations à Montréal, mercredi soir, M. Charest s’est défendu d’avoir contribué aux débordements en excluant la CLASSE.

Selon le premier ministre, accuser le gouvernement d’avoir jeté de l’huile sur le feu déresponsabilise ceux qui posent des gestes de violence.

«Votre question déresponsabilise ceux qui posent des gestes de violence, a-t-il dit à un journaliste. Je parle de votre question à vous là, qui a comme prémisse que le gouvernement, en assumant sa responsabilité, qui sont des responsabilités démocratiques légitimes, aurait légitimé des actions. C’est faux ça.»

Juste avant la période des questions à l’Assemblée nationale, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a haussé le ton, accusant carrément la CLASSE et son porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, d’encourager la violence.

«M. Nadeau-Dubois s’exprime avec volubilité, dit toutes sortes de choses et quand on décode, quand on ramasse l’ensemble de ses déclarations et qu’on fait un portrait, on doit constater qu’à la fin ce qu’il dit c’est: tous les moyens sont bons pour obtenir satisfaction, y compris la violence», a dit M. Dutil.

Selon le ministre, même si des casseurs infiltrent des manifestations, la violence dans la rue est un mode opératoire connu de la CLASSE et M. Nadeau-Dubois pourrait s’exposer à des accusations.

«S’il contrevenait à la loi, c’est à la police à faire des accusations, et à la cour de justice, a-t-il dit. Ce n’est pas à nous, on n’a pas de police politique.»

En conférence de presse, M. Nadeau-Dubois a dénoncé ce qu’il considère comme des attaques personnelles et un dérapage.

«La CLASSE n’est pas une organisation violente, ne l’a jamais été et ne le sera jamais, a-t-il dit. La CLASSE n’a jamais appelé à la violence et n’a jamais encouragé la violence et je n’ai jamais appelé à la violence.»

Tout en évoquant la possibilité d’en obtenir le mandat en fin de semaine d’un congrès de ses membres, M. Nadeau-Dubois a affirmé qu’il lui est pour le moment impossible de lancer un appel au calme.

«Si une personne de plus venait, de manière paternaliste, les sermonner, ça ne pourrait que jeter de l’huile sur le feu et mettre ces gens-là encore plus en colère», a-t-il dit.

Mme Desjardins a soutenu que le gouvernement «est en vendetta personnelle contre le porte-parole de la CLASSE».

«C’est un cirque, il est temps que ça arrête, a-t-elle dit. Ce n’est pas une personne qui peut porter sur son dos toute la violence et les actions qui ont été faites au cours des derniers jours. M. Nadeau-Dubois ne porte pas le fardeau du mouvement étudiant en entier sur ses épaules.»

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