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Cyberintimidation dénoncée: «Vous devriez vous lobotomiser avec un Magnum»

La formation professionnelle offre des possibilités de carrière intéressantes, notamment en soutien informatique. (Photo : archives) Photo:

Propos haineux, insultes, incitation à la violence ou au suicide, la militante Sophie Labelle dénonce la cyberintimidation dont sont victimes beaucoup de personnes trans qui prennent la parole sur le web.

La semaine dernière, Rachel Bryk, une jeune programmeuse américaine trans très en vue, s’est suicidée après avoir subi des attaques transphobes sur internet. Certaines l’encourageaient à se suicider. Elle avait aussi des douleurs physiques dues à des maladies chroniques.

«Ça me touche très personnellement, étant quotidiennement la cible de cyberintimidateurs qui ne font pas dans la dentelle», a indiqué à Métro Sophie Labelle, enseignante au primaire et auteure d’une bande dessinée en ligne traitant d’enjeux trans qui remporte du succès dans plusieurs pays et en plusieurs langues.

«Pas dans la dentelle», c’est un euphémisme pour décrire les propos extrêmement violents que reçoit la jeune femme trans. Sur la page Facebook dédiée à sa BD, intitulée «Assignée garçon», elle s’est faite traiter de «retardée» et de «dégénérée». «Vous devriez sauver du temps, de l’argent et de la frustration à tout le monde en vous lobotomisant. Préférablement avec un .44 Magnum», y a écrit un individu il y a quelques mois.

femme trans

Récemment, une page a été créée sur un forum pour discuter de sa BD, qui met en vedette une enfant trans. «Si j’ai des enfants et qu’ils sont comme ça, je ne pense pas être capable de m’empêcher de les battre. Et ensuite de les donner en adoption», peut-on lire parmi les dizaines de commentaires négatifs à son propos. On s’en est même directement pris à Mme Labelle en publiant sa photo et en la qualifiant d’«homme laid».

«Mon cas est loin d’être une exception. J’ai plein d’amis activistes qui subissent aussi ce genre d’attaques. C’est le prix à payer pour prendre la parole quand on est une personne trans», a expliqué Mme Labelle.

Certains jours, la jeune auteure décroche totalement de l’ordinateur pour éviter d’être trop affectée. Heureusement, elle reçoit aussi de nombreux messages de soutien.

Ce ne sont pas toutes les personnes trans qui ont la chance d’être aussi bien entourée qu’elle. Une étude de l’Université de Californie publiée en 2014 fait état d’un taux de tentative de suicide de 41% chez les personnes trans, alors qu’il est de 4,6% dans la population américaine en général. Plusieurs autres études, notamment une menée en Ontario, révèlent des résultats similaires. La cyberintimidation vient ajouter une couche supplémentaire sur la problématique.

«Il faut reconnaître le problème, il faut reconnaître la vulnérabilité des personnes trans et leur isolement, pour ensuite agir, a plaidé Mme Labelle. Il faut aussi donner de la place à un discours positif sur les personnes trans.»

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